L’écrivain Maurice G. Dantec, star de la littérature de genre dans les années 90, est mort.
Maurice G. Dantec était né à Grenoble en 1959 et vivait au Canada depuis 1998. Il a complètement revisité la littérature de genre dans les années 90, recueilli un succès important grâce à ces romans de science-fiction.
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Il s’est rendu impopulaire également en faisant des déclarations critiques contre l’islam, en prenant contact avec le Bloc identitaire (mouvement d’extrême droite français) ou en défendant des positions royalistes.
Sa personnalité particulière, son usage des psychotropes, le choix de son agent, ont fait de lui une star déchue de la littérature, fascinée par l’argent et la provocation. De fait les tirages de ses romans ont fini par faiblir sous l’effet des coups de gueules, des polémiques, et de l’obsession conspirationniste du romancier.
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Archive (1999) : Maurice G. Dantec, mutant mutandis
Maurice Georges Dantec, 39 ans, a publié sur le tard des romans à succès que nul ne sait trop où situer. Des pavés qui brassent présent et futur, jonglent sur fond de chaos planétaire avec toutes les interrogations possibles (politiques, éthiques, technologiques, psychotropiques).
Une production hybride, que journaux et libraires placent ici en rubrique « roman policier », là « science-fiction » ou « littérature ». Ces objets rédactionnels non identifiés émanent d’un auteur qui a proposé un jour à son éditeur d’indiquer au dos de ses livres, en guise d’élément biographique, « Vit sur terre ». Et, quand on lui demande d’où il vient, il répond : « Comment ça, d’où je viens ? De Mars ? En tout cas, Mars, ça me va, je m’en sens de plus en plus proche ». En ce début de samedi après-midi, l’homme en pantalon et sweat-shirt à capuche noirs reçoit à Paris, dans un appartement ensoleillé. Il est tranquillement attablé devant un « Coke », un paquet de blondes à portée de main ; affable, souriant, il répond d’une voix douce, aux antipodes des accents apocalyptiques de son nouvel opus, Babylon Babies. Et, quelques jours plus tard, Dantec brouille encore les pistes : en concert dans une salle bondée de l’Est parisien, devant un écran bombardé d’images psychédéliques, il lit d’une voix distordue par les machines, un texte du philosophe Gilles Deleuze. Le voilà membre de Schizotrope, le groupe qu’il a fondé avec le père de la musique électronique française, Richard Pinhas. « J’ai refusé le premier texte qu’il m’a soumis, au début des années 90, parce qu’il relevait trop de la science-fiction, se souvient son éditeur Patrick Raynal, qui dirige la Noire et la Série noire chez Gallimard. Mais j’ai senti immédiatement qu’il pouvait apporter ce que je cherchais depuis longtemps pour le roman noir français : une vision sur le futur ». Six mois plus tard, Maurice Dantec apporte la Sirène rouge, qui rompt effectivement avec la veine sociale du polar français héritée des auteurs gauchistes des années 70. Dantec a pourtant grandi dans l’engagement, celui de ses parents communistes.
Le père, journaliste scientifique (auvergnat), et la mère, couturière (bretonne), « se sont rencontrés comme souvent dans l’après-guerre, dans le militantisme », et ont vécu douloureusement leur exclusion du PCF pour dissidence, en 1968 (« c’était vraiment comme une histoire d’amour qui s’arrête »). Dans leur sillage, il a vécu longtemps dans la banlieue rouge d’Ivry-sur-Seine, a été lycéen à Romain-Rolland, « bastion des Jeunesses communistes, où la liberté d’expression des autres était vraiment réduite, surtout celle des autres membres de l’extrême gauche, les groupuscules trotskistes, maoïstes, etc ».
Et puis il y a eu ce que Maurice Dantec appelle sobrement « l’aventure punk », son big bang intérieur.
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Revoir en vidéo le portrait de Maurice G. Dantec par Alain Soral (octobre 2012) :