Le 18 juin à Nantes, la mairie socialiste inaugurait en grandes pompes une statue du général de Gaulle. Érigée sur le boulevard des Cinquante Otages, lui même baptisé ainsi en l’honneur de résistants locaux fusillés par les Allemands pendant la guerre, elle doit « passer le témoin de l’esprit de résistance aux générations futures ».
Il y avait là beaucoup d’anciens combattants, le préfet, les officiels et l’ensemble de la politicaille nantaise. Des députés UMP, des conseillers et élus PS, tous plus gaullistes les uns que les autres, chacun se recueillant religieusement devant le grand homme, avec prise d’arme, dépôt de gerbe y tutti quanti. E&R Nantes, de son côté, est plutôt fier et heureux que l’on rende hommage au héros de la Résistance dans notre ville, qui a mérité le titre de Compagnon de la Libération attribué dès 1941.
Cependant, tout ce tintamarre célébrant les 70 ans de l’Appel du 18 juin, pas seulement à Nantes mais partout à la télévision et ailleurs, sonne faux à nos oreilles averties. Nos politiques, de droite comme de gauche, qui s’enflamment en citant de Gaulle, l’ont trop trahi depuis quarante ans pour que l’on souscrive à cette mascarade. Qui rappelle dans les médias que de Gaulle à peine refroidi, Pompidou, son successeur à la solde de la banque Rothschild, faisait voter une loi par laquelle la France s’interdisait elle-même de battre monnaie, et faisait entrer la Grande Bretagne dans la communauté européenne, ce que le général avait toujours refusé ? Les socialistes au pouvoir ne feront ensuite que perpétuer cette politique de soumission à la finance et d’intégration à l’Union Européenne, authentique machine à détruire les États-nations au profit de l’oligarchie internationale. Ce qu’incarne par-dessus tout de Gaulle, c’est l’indépendance de la France, or aujourd’hui celle-ci a rejoint le commandement intégré de l’OTAN et nos soldats se font tuer en Afghanistan sous les ordres des Américains.
Un fait éloquent illustra en direct notre propos, symbolisant littéralement le décalage entre les discours et la réalité : le discours inaugural n’a pas été prononcé par Jean-Marc Ayrault, le maire de Nantes. Celui-ci était en effet occupé à Bruxelles en tant que trésorier d’Eurocities, une organisation européenne mondialiste qui travaille à faire coopérer entre elles les grandes métropoles en court-circuitant les États (1).
Nous nous sommes donc immiscés dans cette cérémonie à une dizaine de militants afin de distribuer un tract dénonçant la collusion du PS et de l’UMP pour récupérer le gaullisme (voir ci- contre). Pendant que des militants régionalistes bretons distribuaient paisiblement leur littérature, nous avons été stoppés par les RG dès notre arrivée, interpelés par la présence parmi nous de deux camarades d’origine maghrébine et africaine enveloppés dans des drapeaux français. Un CRS rougeot les a marqués à la culotte durant tout le protocle, pendant qu’il nous était interdit de tracter.
Nous avons alors du pleinement subir des discours vides et pompeux, à l’image des confidences de la sculptrice qui expliqua comment elle avait voulu faire ressortir la dimension humaine du général, le représentant sans son képi sur la tête et de taille moyenne (pour une statue), le contraire ayant pu choquer les bourgeois-bohèmes nantais.
La cérémonie se terminant, nous avons pu néanmoins distribuer notre texte, suscitant beaucoup de discussions avec des personnes tantôt surprises, tantôt amusées, souvent enthousiastes d’entendre un discours différent. Quelques militants des jeunesses socialistes et UMP vinrent aux renseignements, la terreur dans le regard : « Quoi ? E&R à Nantes ! Et vous êtes combien ? » Une première sortie officielle sur Nantes remarquée, et un bon départ avant de nouvelles actions prévues à la rentrée.
E&R Nantes/Loire-Atlantique
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(1) En savoir plus : Régionalisme, sécessionnisme, fédéralisme : l’Europe de Leopold Kohr, projet d’un fascisme universel ( http://www.solidariteetprogres.org/... )