Les plus jeunes ne peuvent s’en rappeler, et les plus âgés l’auront peut-être oublié, mais en 1990, en pleine montée du FN, survenait un évènement majeur : la profanation du cimetière juif de Carpentras. Les faits étaient pourtant d’une banalité presque déconcertante : un saccage de tombes suivi, il est vrai, de la sortie de terre d’un cadavre qu’on aurait même empalé (ce qui s’avéra totalement imaginaire). Les statistiques sont pourtant formelles, on connaît chaque année plusieurs dizaines de profanations de cimetière sans que cela ne choque outre mesure.
De fait, l’évènement majeur n’était pas dans l’incident lui-même mais dans son exploitation. Monté en épingle le jour même, l’affaire prendra une ampleur nationale et le Front National est immédiatement montré du doigt. De cette propagande de masse s’ensuivit le rassemblement de 100 à 200.000 manifestants dans les rues de Paris où l’on brûla publiquement une poupée de chiffon à l’effigie de Jean-Marie Le Pen. Avec en tête de cortège, sortant outrageusement de toute réserve, le Président de la République, pas moins !
La vidéo suivante nous permet donc de nous souvenir de ce montage médiatique et politique qui permit irrémédiablement de créer un cordon sanitaire autour du FN, et d’assurer à la gauche que la droite (la plus bête du monde) ne pourrait plus jamais envisager quelque alliance que ce soit avec ce parti de la haine et de l’exclusion.
Le traitement des évènements tragiques d’Oslo, éclairé à la lumière de cet épisode passé, semble de nouveau être un bel exemple d’instrumentalisation. Tout l’objectif étant de démontrer que la fille c’est comme le père, ce qui permet immédiatement de transférer à moindre frais 40 ans de diabolisation du père vers la fille et bénéficier de nouveau du cordon sanitaire tissé par des décennies de mensonges et de manipulations.
Florilège en 24h :
Martine Aubry : "Ce multirécidiviste du détail et de la haine révèle, s’il en était besoin, la gigantesque opération de manipulation baptisée dédiabolisation à laquelle se livre le FN depuis plusieurs mois". "Il est temps d’instaurer une digue entre la République et l’extrême droite". "Pour la gauche, ce sera l’un des enjeux du rendez-vous démocratique de 2012".
PCF : "Jean-Marie Le Pen perd tellement pied que même un massacre humain ne l’émeut pas". "Le Front national est un parti d’extrême droite raciste et xénophobe aux propos criminels et terroristes et les dires de l’ex-président du FN en sont la preuve (...) malgré les tentatives de relookage de l’héritière du trône du FN".
Benoît Hamon : "A Marine Le Pen de prendre maintenant ses responsabilités et de dire clairement que ce discours est un discours totalement irresponsable, que ces déclarations sont inadmissibles". "Jean-Marie Le Pen, par ses déclarations, cherche à dédouaner cette idéologie de l’extrême droite d’une responsabilité quelconque dans cet acte barbare (...) Je trouve que c’est consternant et ça dit bien ce que reste le Front national, c’est-à-dire un parti avec des dirigeants au cynisme sans équivalent".
Valérie Rosso-Debord (déléguée générale adjointe de l’UMP) : "des propos particulièrement irresponsables de Jean-Marie Le Pen sur la tuerie d’Oslo (…). J’appelle sa fille Marine à prendre position sur ces déclarations et "sortir d’un faux double langage". "Les Français doivent pouvoir connaître la réalité des fondements idéologiques du FN, cette réalité étant clairement incarnée par son fondateur". "Jean-Marie Le Pen rappelle que le terreau du FN est toujours la haine, le rejet de l’autre et de la différence".
Jean-François Copé : "derrière le changement de prénom au FN, la ligne politique reste la même !".
Valérie Pecresse : "ce qui est le plus choquant, c’est le silence assourdissant de Marine Le Pen". "Rien n’a changé au Front national, Marine Le Pen ne condamne pas les propos de son père" et "ceux qui ont cru qu’(elle) avait des idées différentes de celles de son père se sont trompés".
Xavier Bertrand : "Le Pen sera toujours Le Pen et que le Front national sera toujours le Front national". "Quels que soient les efforts pour essayer de nous faire croire que le Front national a changé, le Front national sera toujours pareil".
Ségolène Royal : "en cette circonstance, la présidente du Front national n’apportait pas la "preuve" qu’elle est plus modérée que son père, auquel elle a succédé en janvier à la tête du parti et qui en est le président d’honneur". "La responsable du Front national, c’est Mme Le Pen, et donc c’est à elle de s’exprimer". "On lui demande son avis sur ces propos" et si "elle ne les dément pas, elle y adhère".
Rappelons enfin, point d’orgue de la manipulation, que c’est dans le sillage de ce climat délétère que survint, 2 mois plus tard, la loi Gayssot...
Face à cette exploitation malhonnête, ayons nous aussi notre devoir de mémoire et de vigilance :
Carpentras c’est toi ! par FrenchCarcan
Propos exacts de Jean-Marie Le Pen, dans leur intégralité :