Caroline Fourest, 24 ans, ex-présidente du Centre gai et lesbien de paris, directrice de la publication de Prochoix, « journal et réseau féministe, gay friendly, antifasciste » :
« Je peux être très identitaire, la nuit.
Quand je sors, ce n’est pas pour avoir des discussions philosophiques, je préfère aller dans des lieux non-mixtes, pour le plaisir et pour être sûre que je ne me ferais pas draguer et allumer par des mecs de 50 ans.
Pour tout ce qui est politique et intellectuel, je peux fréquenter des hétéros gay friendly, et des hommes “féministes friendly”. ça date du Pacs : des hétéros ont compris que la lutte des homos ne concernait pas qu’eux, mais avait à voir avec la démocratie. Je suis toujours émue de voir des hétéros militer pour les homosexuels, c’est la même chose, j’imagine, pour des noirs qui voient des blancs militer à leurs côtés contre le racisme.
Ceci dit, il y a un tabou sur le militantisme. Tu milites pour des convictions, mais aussi pour rencontrer des gens et rencontrer l’amour. Donc, pour une lesbienne, c’est plus agréable de militer avec des filles. Quand j’évoluais dans un milieu non-mixte, lesbien et féministe, je n’aimais pas les mecs, j’éprouvais une forme de répulsion. Avec le Pacs, j’ai milité avec des gays, et il m’arrive de me dire : tiens, il est mignon.
Un hétéro, ce n’est pas possible, à cause de ce qu’il a dans la tête. »