Après 16 heures de négociations à Minsk, Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande ont approuvé un plan de paix résolvant le conflit ukrainien.
Les deux rencontres (chefs d’État et émissaires, et groupes de contact Russie/OCSE/séparatistes/représentants de Kiev) se sont déroulées à deux endroits différents de la capitale Biélorusse.
L’accord en 13 points prévoit :
un cessez-le-feu à partir du dimanche 15 février à minuit ;
le retrait des pièces d’artillerie, qui devra se faire selon des distances variant suivant le calibre et sous le regard de l’OSCE ;
à J+ 1 après le cessez-le-feu, démarrage du dialogue en vue d’élections locales ;
une amnistie de tous les participants au conflit ;
un échange de prisonniers ;
un libre accès sécurisé à l’aide humanitaire ;
rétablissement par Kiev de l’assistance financière au Donbass ;
le contrôle des frontières sera assuré par l’OSCE puis par Kiev ;
l’OSCE assurera le contrôle du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes ;
le retrait des troupes étrangères ;
la mise en place d’une réforme constitutionnelle, prévoyant une large décentralisation pour les habitants du Donbass ;
discussion des futures élections locales au sein de Groupe de contact ;
le Groupe de contact devra être l’instrument principal du dialogue entre Kiev et les séparatistes.
L’accord, qui reprend les grandes lignes de celui déjà signé en septembre dernier, reste très formel, malgré le soutien des chefs d’État présents à Minsk. M. Poutine n’a rien signé et ses interlocuteurs européens et ukrainiens n’ont fait qu’une « déclaration de soutien » au texte, approuvé par les représentants de Kiev et ceux des territoires rebelles sous le patronage de la Russie et de l’OSCE.
Ces modestes avancées n’ont pas calmé l’agressivité de Kiev, qui poursuit ses accusations à l’encontre de Moscou. Selon un porte-parole du régime :
« Une cinquantaine de chars, 40 lance-roquettes multiples Grad, Ouragan et Smertch et autant de blindés ont pénétré en Ukraine depuis la Russie dans la nuit de mercredi à jeudi. »
Les différentes capitales restent prudentes sur la viabilité de l’accord. Pour Vladimir Poutine :
« On a réussi à trouver un accord sur l’essentiel. Cela n’a pas été ma meilleure nuit mais c’est une bonne matinée. »
Et d’évoquer le cas particulier de la ville de Debaltseve (où est « coincé » une groupe de 6 à 8 000 soldats de Kiev et qui constitue la zone le plus sensible à l’établissement d’un cessez-le-feu) et son doute sur la possibilité que cette partie du front connaisse une issue pacifique :
« Ils [les autorités de Kiev] ont, bien sûr, dans l’idée que ce groupe va déposer les armes et arrêter leur résistance. Les représentants des autorités ukrainiennes estiment que leurs troupes n’ont pas été encerclées et pensent que ce processus se poursuivra suffisamment en douceur. Si les troupes ont réellement été encerclées, alors, logiquement, elles vont essayer de se libérer, tandis que ceux qui sont à l’extérieur vont essayer de mettre en place un corridor pour leurs militaires piégés. Russes et Ukrainiens ont à demander à leurs experts d’établir ce qui se passe réellement là-bas. »
François Hollande, misant sur une succès à l’internationale pour redorer son image auprès du peuple français, s’est lancé dans des déclarations imprudemment optimistes :
« Toutes les questions ont été traitées par ce texte qui a été signé par le groupe de contact et les séparatistes. Même si tout n’est pas encore accompli, nous allons vers un règlement politique global. Nous avons espoir – bien que nous n’ayons pas encore réalisé tout – mais nous avons un espoir très sérieux pour l’Ukraine et donc aussi pour l’Europe. Nous avons une fois de plus montré que le tandem franco-allemand est capable de quelque chose pour la paix. »
Pour la chancelière Merkel :
« Nous avons maintenant une lueur d’espoir, nous avons convenu d’une mise en œuvre complète de Minsk. Mais les mesures concrètes doivent bien entendu être mises en place. Et il y a encore des obstacles majeurs à relever ».
Un point reste particulièrement délicat : Kiev souhaite accorder un statut spécial aux républiques séparatistes. Ces dernières n’en veulent pas et souhaitent organiser leurs propres élections législatives et présidentielles le 2 novembre, et sur cette base, demander leur rattachement à la Fédération de Russie. Inacceptable pour Kiev. Moscou se veut prudente à ce sujet, ne souhaitant pas donner des arguments à ses détracteurs, qui l’accusent d’expansionnisme.