Une progression modeste de la richesse nationale suffira largement à financer les dépenses de protection sociale.
Il faudra quand même que l’on m’explique… Pourquoi la France "ne pourra plus se payer" un système de santé, de retraite, de solidarité et des services publics d’un haut niveau, par la répartition et la redistribution ? Comment ce qui était possible en 1945 (1) ne l’est plus en 2008 ?
Comment se fait-il qu’une augmentation de 30 à 40 % des dépenses sociales en 40 ans ne puisse pas être financée par une augmentation nette des richesses produites de 100 % sur la même période ?
En effet, on estime, en hypothèse basse de 1,7 % de croissance annuelle, que la production nationale, le fameux PIB, va au moins doubler entre 2000 et 2040. En conséquence, le « gâteau » à partager sera deux fois plus gros, en Euros constants !
On sait que le partage de ce gâteau pose problème. Il est même au cœur des politiques de répartition et de redistribution qui devraient différentier libéraux-conservateurs et progressistes-sociaux au pouvoir. En effet, la Valeur Ajoutée produite, « le gâteau », doit être partagée entre rémunération du travail (salaires…), cotisations sociales, impôts et taxes, frais financiers, profit des actionnaires, autofinancement net des investissements, recherche appliquée, provisions pour risques et avantages financiers divers, parfois indécents (stocks options, primes en tous genres, « parachutes dorés »…).
Le social ne coûtera que 20% dans 40 ans
En 40 ans, les ressources de la maison France (PIB) vont donc augmenter de 100 % minimum. Qu’en est-il des dépenses sociales ? On sait déjà que les dépenses de retraite, sur les bases 1993, avant « réformes », vont passer de 12,5 % à 17,6 % maximum du PIB, avec le vieillissement et l’augmentation de la population retraitée dès 60 ans, soit une augmentation de 40 %. Donc, largement supportable. Pour la santé, les dépenses passeront de 10 à 13 % environ du PIB, soit plus 30 %. Aisément supportable également. Les autres dépenses sociales (famille, handicap, solidarité…) ne devraient pas augmenter plus de 0,5 % par an en Euros constants, soit plus 22-23 % en 40 ans.
Sur les 1,7 % de croissance moyenne annuelle, les retraites en utiliseraient 0,13 %, la santé 0,08 %, la solidarité 0,09 % au plus, soit 0,30 % au total. La progression des dépenses sociales consommeraient donc, au grand maximum, 18 à 20 % de la croissance annuelle ( 0,30 % sur 1,7 %). Notons que cette redistribution sera presque entièrement utilisée à la consommation intérieure, ce qui est un facteur de croissance économique car « l’investissement social est économiquement formidable » (2).
Arrêter de mentir au peuple
On voit donc que le doublement de la production des richesses dans les 40 ans à venir permet de financer largement la protection sociale par répartition et redistribution, par les cotisations sociales et l’impôt progressif, tout en laissant une grande marge de disponibilités pour augmenter les revenus du travail, les profits, la recherche-investissements et autres utilisations de la valeur ajoutée.
Mais peut-être faut-il baser, enfin, les cotisations sociales employeur sur la Valeur Ajoutée produite par l’entreprise, et non plus sur les salaires !… Les ressources sociales doivent évoluer comme le PIB.
Il faudrait donc arrêter de mentir au peuple, en affirmant que les besoins augmentent et que les ressources stagnent. Sans événements catastrophiques, imprévisibles actuellement (guerres, épidémies, phénomènes naturels…), il n’y a aucun problème de financement de la protection sociale française pour les 32 années à venir (3). Sauf à considérer une pratique récurrente du capitalisme et des gouvernements néo-libéraux …que l’on nomme lutte des classes. Même si le terme est passé de mode, il y a toujours une lutte sans merci entre actionnaires, rentiers, capitalisme spéculatif, soutenus par la droite politique, et le peuple (salariés, besoins sociaux, services publics…), pour la répartition du gâteau, c’est à dire la Valeur Ajoutée produite par le travail dans les entreprises (4).
Marx n’est-il pas toujours d’une actualité brûlante ?… Les privilégiés et gouvernements libéraux semblent le relire, le comprendre et le pratiquer à leur profit bien mieux que le Peuple !…
Et si tout ce que je viens d’écrire n’est ni vrai, ni fondé, démontrez-moi le contraire. Expliquez-moi…
Jean Caplanne
Source : http://www.marianne2.fr
(1) sur le Programme du CNR, cliquez ici .
(2) pour la croissance économique, la redistribution sociale est un investissement formidable selon Maurice Kriegel-Valrimont) qui stimule la consommation, l’activité des entreprises et l’emploi, comme pendant "les 30 Glorieuses" françaises (1945-1975)
(3) Cf. Michel Husson, chroniqueur associé à Marianne2.fr.
(4) en 23 ans, de 1983 à 2006, la part des salaires et cotisations sociales a baissé de 11 points dans la Valeur Ajoutée du secteur marchand, passant de 72,4 % à 61,5 % , soit –180 Milliards d’Euros 2006 à répartir.
Il faudra quand même que l’on m’explique… Pourquoi la France "ne pourra plus se payer" un système de santé, de retraite, de solidarité et des services publics d’un haut niveau, par la répartition et la redistribution ? Comment ce qui était possible en 1945 (1) ne l’est plus en 2008 ?
Comment se fait-il qu’une augmentation de 30 à 40 % des dépenses sociales en 40 ans ne puisse pas être financée par une augmentation nette des richesses produites de 100 % sur la même période ?
En effet, on estime, en hypothèse basse de 1,7 % de croissance annuelle, que la production nationale, le fameux PIB, va au moins doubler entre 2000 et 2040. En conséquence, le « gâteau » à partager sera deux fois plus gros, en Euros constants !
On sait que le partage de ce gâteau pose problème. Il est même au cœur des politiques de répartition et de redistribution qui devraient différentier libéraux-conservateurs et progressistes-sociaux au pouvoir. En effet, la Valeur Ajoutée produite, « le gâteau », doit être partagée entre rémunération du travail (salaires…), cotisations sociales, impôts et taxes, frais financiers, profit des actionnaires, autofinancement net des investissements, recherche appliquée, provisions pour risques et avantages financiers divers, parfois indécents (stocks options, primes en tous genres, « parachutes dorés »…).
Le social ne coûtera que 20% dans 40 ans
En 40 ans, les ressources de la maison France (PIB) vont donc augmenter de 100 % minimum. Qu’en est-il des dépenses sociales ? On sait déjà que les dépenses de retraite, sur les bases 1993, avant « réformes », vont passer de 12,5 % à 17,6 % maximum du PIB, avec le vieillissement et l’augmentation de la population retraitée dès 60 ans, soit une augmentation de 40 %. Donc, largement supportable. Pour la santé, les dépenses passeront de 10 à 13 % environ du PIB, soit plus 30 %. Aisément supportable également. Les autres dépenses sociales (famille, handicap, solidarité…) ne devraient pas augmenter plus de 0,5 % par an en Euros constants, soit plus 22-23 % en 40 ans.
Sur les 1,7 % de croissance moyenne annuelle, les retraites en utiliseraient 0,13 %, la santé 0,08 %, la solidarité 0,09 % au plus, soit 0,30 % au total. La progression des dépenses sociales consommeraient donc, au grand maximum, 18 à 20 % de la croissance annuelle ( 0,30 % sur 1,7 %). Notons que cette redistribution sera presque entièrement utilisée à la consommation intérieure, ce qui est un facteur de croissance économique car « l’investissement social est économiquement formidable » (2).
Arrêter de mentir au peuple
On voit donc que le doublement de la production des richesses dans les 40 ans à venir permet de financer largement la protection sociale par répartition et redistribution, par les cotisations sociales et l’impôt progressif, tout en laissant une grande marge de disponibilités pour augmenter les revenus du travail, les profits, la recherche-investissements et autres utilisations de la valeur ajoutée.
Mais peut-être faut-il baser, enfin, les cotisations sociales employeur sur la Valeur Ajoutée produite par l’entreprise, et non plus sur les salaires !… Les ressources sociales doivent évoluer comme le PIB.
Il faudrait donc arrêter de mentir au peuple, en affirmant que les besoins augmentent et que les ressources stagnent. Sans événements catastrophiques, imprévisibles actuellement (guerres, épidémies, phénomènes naturels…), il n’y a aucun problème de financement de la protection sociale française pour les 32 années à venir (3). Sauf à considérer une pratique récurrente du capitalisme et des gouvernements néo-libéraux …que l’on nomme lutte des classes. Même si le terme est passé de mode, il y a toujours une lutte sans merci entre actionnaires, rentiers, capitalisme spéculatif, soutenus par la droite politique, et le peuple (salariés, besoins sociaux, services publics…), pour la répartition du gâteau, c’est à dire la Valeur Ajoutée produite par le travail dans les entreprises (4).
Marx n’est-il pas toujours d’une actualité brûlante ?… Les privilégiés et gouvernements libéraux semblent le relire, le comprendre et le pratiquer à leur profit bien mieux que le Peuple !…
Et si tout ce que je viens d’écrire n’est ni vrai, ni fondé, démontrez-moi le contraire. Expliquez-moi…
Jean Caplanne
Source : http://www.marianne2.fr
(1) sur le Programme du CNR, cliquez ici .
(2) pour la croissance économique, la redistribution sociale est un investissement formidable selon Maurice Kriegel-Valrimont) qui stimule la consommation, l’activité des entreprises et l’emploi, comme pendant "les 30 Glorieuses" françaises (1945-1975)
(3) Cf. Michel Husson, chroniqueur associé à Marianne2.fr.
(4) en 23 ans, de 1983 à 2006, la part des salaires et cotisations sociales a baissé de 11 points dans la Valeur Ajoutée du secteur marchand, passant de 72,4 % à 61,5 % , soit –180 Milliards d’Euros 2006 à répartir.