La correspondante de la télévision pan arabe al-Mayadeene a assuré vendredi soir que le quartier Salaheddine a bel et bien été nettoyé. Elle a assuré avoir fait une tournée dans ses rues, en compagnie des soldats de l’armée régulière, et a dit constater l’ampleur des dégâts et des destructions, en plus du grand nombre des miliciens tués.
« Il est clair que cette fois-ci les combattants n’avaient pas le temps de retirer les cadavres de leur camarades tués », a-t-elle remarqué. De fait on voit dans les reportage d’hier plusieurs cadavres carbonisés d’insurgés – des débris d’armes gisent à côté d’eux : il semble que ce soit leurs camarades qui le brûlent pour empêcher leur éventuelle identification.
La reporter d’al-Mayadeeene ajoute que des bâtiments ont été piégés et certaines rues sont minées d’engin explosifs. Elle a de plus assuré que les quartiers du vieux Alep situés autour de la citadelle sont tous sécurisés.
Les derniers moments du « bastion » de Salaheddine
Selon le tabloïd britannique et quotidien The Independant, des centaines de miliciens se sont retirés de Salaheddine de crainte d’être assiégés par les forces gouvernementales pour se déployer dans d’autres quartiers, alors que certains d’entre eux ont définitivement quitté la ville. Le correspondant du quotidien britannique a constaté qu’ils étaient exténués. Et qu le pilonnage de leurs positions avait été particulièrement implacable depuis la nuit de mercredi à jeudi jusqu’aux premières heures de vendredi.
Mercredi soir (ou nuit), toujours selon The Independant, l’incursion d’une « demi-douzaine » de blindés jusqu’à la place centrale de Salaheddine avait permis à l’armée syrienne d’établir une tête de pont au coeur du dispositif ASL.
À 3 heure du matin, le bombardement de l’artillerie s’était déchaîné, notamment sur les 9e et 10e rues du quartier et blindés et soldats avaient alors entamé une progression irrésistible, venant non seulement de Salaheddine, mais du quartier voisin – et nettoyé – de Hamdaniyah, ou encore, depuis le nord-est, de la citadelle. Un des chefs tenant les propos suivants au reporter pour expliquer ce nouveau « repli tactique » : « Les soldats nous prennent en étau. C’est trop dangereux de rester ici, trop dangereux ! On prend juste ce que nous pouvons emporter ».
Un autre officier ASL raconte sa nuit de combats à Salaheddine : « Le pire c’est quand les blindés sont entrés. On les détruisait avant, mais cette fois ils étaient trop nombreux et nous étions épuisés. On s’est battu dans quelques rues, mais on a dû partir, sinon on aurait tous été tués ».
La fuite des fier à bras
Kim Sengupta, l’envoyé spécial de The Independant, indique en outre, dans son article en date du 10 août, que les rebelles se sont retirés d’un certain nombre de quartiers qu’ils avaient investi au cours des deux dernières semaines. Il a assisté à l’évacuation précipitée par la brigade ASL Dar al-Sabah de ses positions à Bustan al-Qsar
Circonstance aggravante, un certain nombre de combattants originaires de la région au nord d ‘Alep ont voulu, sentant le vent tourner, regagner leurs villages pour les protéger d’une possible offensive de l’armée suite à la pacification d’Alep. Et le reporter cite le cas de la « brigade Abu Bakr » , venue de la petite ville d’al-Bab (à une vingtaine de kilomètres au nord-est d’Alep) dont le commandant, Zahar Sherqat, a supervisé depuis sa Toyota le repli en bon ordre de ses troupes, expliquant à Sengupta qu’elles n’avaient pas assez d’armes lourdes.
Kim Sengupta remarque qu’un bataillon rebelle particulièrement réputé pour son sectarisme, sa férocité et ses proclamations victorieuse – la brigade Tawhid ? – a été un des premiers à fuir Salaheddine. Non sans mal : un pick up a été touché, sous les yeux du reporter, par un tir d’avion ou d’hélicoptère, juste à la sortie du quartier, et les trois occupants tués. Selon un rebelle, ces islamistes se vantaient à longueur de temps de leurs exploits en Irak, en Afghanistan et en Syrie, mais en définitive n’avaient pas convaincu leurs camarades syriens de leurs vertus guerrières.
Jeudi après-midi, la contre-offensive évoquée par les rebelles à Salaheddine avait fait long feu. Et le reporter accompagnait une troupe de combattants jusqu’au faubourg de Sahar, où des minibus « alignés » attendaient les rescapés.
Au soir de jeudi, les troupes ont réoccupé lentement les positions évacuées par les insurgés. Le reporter évoque des pertes civiles dans ces combats de Salaheddine. Les blessés craignent d’aller à l’hôpital, de peur d’être pris pour des rebelles.
Il semble donc qu’un certain nombre d’insurgés aient pu fuir, non sans pertes, les quartiers d’Aleop qu’ils occupaient On eut s’étonner qu’ils aient pu le faire, en dépit du survol fréquent des avions et hélicoptères de combat – mais ces replis se sont effectués à la nuit – et le regretter pour la suite des opérations. Sengupta estime à au moins dix-mille le nombre d’insurgés impliqués dans la bataille d’Alep.En dépit de la proximité de la Turquie, ces effectifs nous paraissent exagérés.
En tous cas le reportage de The Independant confirme qu’à Alep, la situation évolue rapidement et mal pour l’ASL et les bandes salafistes.
Revenons à l’actualité alépine. Ce samedi 11 août, Sana parle d’opérations contre des bandes dans le quartier de Faïdh (centre, à l’ouest de la vieille ville) : les insurgés qui y ont survécu ont voulu gagner en voiture le quartier voisin de Jaimiyah (ou al-Jamelaiah), mais ils ont été vite capturés. Incidents encore à Khalidyeh, où un groupe a été décidé. Incident enfin dans la périphérie d’Alep, à Kfar Hamra, où un groupe a été annihilé
Le site pro-gouvernemental Syria Truth, qui cite des sources turques et étrangères, affirme que le nombre des tués et de blessés dans les rangs des insurgés d’Alep s’élève à plus d’un millier sur les trois mille investis dans la bataille. Sans oublier les centaines qui ont été capturés. Cette estimation semble très plausible, compte tenu du fait que les combats ont commencé à Alep le 15 juillet, et qu’ils n’ont cessé de monter en intensité depuis. Reste la question des effectifs engagé par l’ASL dans la ville : comme on le voit les estimations varient entre 3 000 et 8000, ce dernier chiffre nous paraissant exagéré.
Au début de ce mois, une source sécuritaire syrienne parlait de 4 à 5 000 insurgés. Qui ont pu recevoir depuis quelques centaines d’hommes de renfort. Mais, outre les pertes, un certain nombre a pu fuir – après tout, on déserte aussi de l’ASL, comme on vient de le voir plus haut !
De son côté Arab Press (pro-syrien) s’appuie sur des sources militaires syriennes ont révélé pour Arab Press ont évoqué 200 tués dans les rangs des miliciens, compte non tenu des blessés et des pris. Le même précise d’autre part que le nombre des éléments des forces spéciales qui ont participé à la bataille s’élève 300 .
La correspondante d’al-Mayadeene signalait vendredi que les batailles suivantes devaient se poursuivre dans les quartiers Sukkari et Seif ed-Dawlé (sud-est de Salaheddine) où des miliciens repliés de Salaheddine se sont retranchés. Un Syrien qui habite le quartier Seif ed-Dawlé raconte pour le site alépin Tahte-l-mijhar que les miliciens ont tué un membre de la famille Zaytouné, parce qu’il a refusé de leur permettre de rentrer dans sa maison, signalant que les miliciens se cachent désormais dans ce quartier.
Une autre bataille d’envergure devrait se dérouler plus tard plus à l’Est, du côté des quartiers Sakhour et les résidences de Hanano. Arab Press fait état d’accrochages dans le quartier Hanano au cours desquels des miliciens ont été tués et blessés.
Le correspondant de Tahta-l-mijhar qui a fait lui aussi ce vendredi une « tournée d’inspection » dans la ville a signalé que des affrontements ont lieu dans les quartiers Sukkari (limites sud de la ville, au sud-est de Salaheddine), Sakhour (nord-est, près de Hanano), et Hanano (nord-est), où deux missiles aériens se sont écrasés sur le siège de l’ASL, infligeant à la milice des pertes considérables. Il fait aussi état d’accrochages sur la place Mayssaloune où une quarantaine de miliciens ont péri.
Les places Akioule et Kadi Askar ainsi que les quartiers Assila et Bab Nasr (au nord de la vieille ville et de la citadelle) ont été nettoyés des miliciens. Alors que les soldats sont entrés dans les quartiers Sabaa Bahrate, Bab Hanine et Bab Hadid (au nord-est de la citadelle et à l’est de Bab Nasr).
Une source pro-gouvernementale indique que l’attaque contre l’aéroport international d’Alep, vendredi, était menée par une cinquantaine d’ASL qui tous auraient péri.
Le général Zain al-Din toujours parmi nous
Voici à présent un reportage de la chaine syrienne Addounia, qui a accompagné les militaire syriens en opération dans le secteur : on assiste à la libération d’otages enlevés par les insurgés qui ont tué quatre parmi eux. On voit aussi pas mal de matériel saisi par l’armée.
Dans ce même reportage, on apprend avec soulagement la résurrection du commandant des opérations sur Alep, le général Zahr al-Din, de la Garde Républicaine, dont la mort au combat avait été annoncée par des sites d’opposition et aussi al-Arabiya, et relayée – avec prudence – chez nous par L’Express.
Le général, en opération dans la région de Damas, confirme donc à Addounia qu’il est vivant, de façon à la fois poétique et humoristique : « Je suis mort à Alep, mais mon âme est arrivée ici à Tall Mnin pour chercher les terroristes ».