Avec « à sa droite » un concurrent comme François Hollande, l’homme qui fait rire (jaune) dans les chaumières lorsqu’il affirme être « en guerre contre le monde de la finance » et qui a réussi l’exploit dans son programme de ne pas écrire une seule fois les mots « salaire » et « ouvrier », Jean-Luc Mélenchon joue sur du velours.
Sur France Info, Marine le Pen d’ailleurs a vu dans le programme du candidat socialiste un catalogue de « mesurettes », « un projet aseptisé ». « Mais où est la rupture avec le modèle libéral ? Avec la concurrence déloyale ? Où sont les réponses aux problèmes de compétitivité que subissent nos entreprises ? ».
« M. Hollande se soumet au système, au modèle économique ultra-libéral. Ça n’est pas la rupture qui est la seule à même de sortir notre pays de la spirale du déclin. »
M. Mélenchon a dénoncé de son côté un « filet d’eau tiède »…tout en sachant qu’il appellera à voter Hollande en cas de présence de ce dernier au second tour. Tout juste a-t-il ajouté sur I-télé, histoire de ménager les apparences, que « s’il (M Hollande, NDLR) veut me tendre la main, qu’il le dise, et qu’il dise de quelle manière ça va se passer » ; « On regarde ce qu’il y a dans le programme et on en parle. »
En attendant, le candidat des communistes a compris qu’à défaut de détourner les catégories populaires du vote Le Pen en FN, il peut progresser en piquant des voix au sein de l’électorat « traditionnel » de la gauche et donc faire monter les enchères dans ses futures négociations avec le PS.
« Selon des informations Europe1 » rapportait aujourd’hui le site de cette radio, la hausse de M. Mélenchon dans les sondages , « plus deux points selon l’Institut CSA qui le place à 9%. », « (valide) le choix du candidat du Front de gauche d’attaquer frontalement le Front National. »
« Mélenchon va donc concentrer ses attaques sur Marine Le Pen. Pour cela, il mobilise militants et syndicalistes pour aller bientôt sur ses terres, à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais afin de distribuer un tract consacré exclusivement à contrer les arguments du FN. Un 4 pages tiré à 8 millions d’exemplaires intitulé « Le FN une honte pour la classe ouvrière. »
Autre avantage de ce type de discours, il permet à Mélenchon, « haut gradé » de la secte maçonnique du Grand Orient, la même qui par la voix d’un de ses anciens dirigeants, avait déclaré « une guerre à mort au FN », de s’attirer les bonnes grâces médiatiques.
Conjugué à son indéniable talent de bateleur, cela lui permet d’entretenir une petite dynamique de campagne, a fortiori en comparaison avec la grande médiocrité de ses prédécesseurs.
Les arguments utilisés par le candidat du Parti communiste résiduel ne sont pourtant pas neufs, ils ont été rabâchés déjà en leur temps par Robert Hue et Marie-George Buffet avec l’insuccès que l’on sait pour les affaires de moins en moins florissantes de la vieille baraque communiste.
A bien y regarder ils sont un peu du même ordre que les éditoriaux de L’Humanité expliquant lors de l’insurrection hongroise de 1956 que si l’armée rouge a écrasé dans le sang la révolte populaire hongroise, c’est pour le bien de la classe ouvrière et au nom de la lutte contre le fascisme.
Cette reductio ad hitlerum de l’adversaire, cette capacité à lui dénier toute intelligence, à utiliser à son encontre des images ou des propos dégradants, que nous évoquions sur ce blog le 19 janvier, a été souligné aujourd’hui par l’écrivain et journaliste Dominique Jamet sur le site Atlantico.
Il s’arrête ainsi sur les insultes proférées par les « Mélenchon, Aram, Ruquier : ces pourfendeurs du FN qui ne se rendent pas compte qu’ils menacent plus la démocratie que Marine Le Pen ».
Pour autant, conclut-il non sans ironie dans cet article, « Monsieur Mélenchon fait dans l’humour et ses maîtres à penser sont de toute évidence saint Coluche, feu Pierre Dac et le regretté Ferdinand Lop. Le prendre au sérieux, ce serait le prendre au tragique. Mieux vaut en rire. »
Essayons M. Jamet !