Egalité et Réconciliation
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Citations choquantes

Voici trois citations. Sauriez-vous dire qui les a prononcées ? "Périssent les faibles et les ratés ! Et il faut même les y aider !", "L’inceste ne blesse en rien la nature", "Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande."

Alors, avez-vous trouvé les réponses ? Nous allons reprendre une à une les citations.


"Périssent les faibles et les ratés ! Et il faut même les y aider !"

Ces propos pourraient être attribués à l’Américain James Watson, prix Nobel de médecine 1962 et codécouvreur de la structure de l’ADN, qui en 2007 s’est vu attribuer par le quotidien privé sénégalais Le Populaire, le "Nobel du racisme" pour avoir tenu à plusieurs reprises des paroles peu humanistes. Ainsi a-t-il déclaré par exemple que les femmes devraient avoir le droit d’avorter si des tests pouvaient déterminer que l’enfant à naître portait les gènes de l’homosexualité. Mais ce n’est pas le Dr Watson qui a prononcé cette formule inquiétante, c’est Nietzsche !

Commentaire critique : cette déclaration d’une rare violence a jailli sous la plume de Nietzsche dans L’Antéchrist. Nietzsche était-il un monstre d’inhumanité, partisan de l’eugénisme ? Il apparaît en fait qu’il ait écrit ces mots rageurs contre son ennemi juré : la morale chrétienne ! "Périssent les faibles et les ratés !", serait l’inversion provocante du message du Christ : "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux les affligés, car ils seront consolés !" (Mt, V, 3). Nietzsche critique sans complaisance l’hypocrisie des valeurs morales du christianisme qui n’ont d’autre objet, selon lui, que d’asservir la population et il s’en prend davantage aux ecclésiastiques qu’aux personnes faibles et handicapées. C’est quand même une déclaration bien troublante.

"L’inceste ne blesse en rien la nature"

Qui est l’auteur de cette citation ? S’agit-il de l’écrivain Alain Robbe-Grillet qui n’a jamais caché son goût pour les jeunes adolescentes ? Lire entre autres la critique de son livre Un roman sentimental . Cette phrase est de Denis Diderot !

Commentaire critique : cette phrase est tirée de Supplément au voyage de Bougainville de Diderot. Si l’encyclopédiste remet en cause la prohibition de l’inceste, interdit majeur et universel, c’est pour dénoncer les hypocrisies morales, spécialement religieuses. Or, il n’a de cesse de démontrer le décalage entre les règles imposées et la réalité. Son récit La Religieuse, qui fit scandale, évoque la vie secrète des couvents. Selon le philosophe, l’inceste n’est pas contraire à la nature puisque, dans des cas extrêmes, il serait le seul moyen de perpétuer l’espèce. Diderot, sur ce sujet sensible, semble avoir laissé sa raison s’assombrir sous le coup de ses préjugés antireligieux. Ou bien son souci de lever toutes contraintes, en faisant confiance à l’homme et à la nature, est-il bien trop naïf. Claude Lévi-Strauss montrera au XXe siècle que si l’inceste est un interdit commun à toutes ses civilisations, c’est pour favoriser l’échange entre les peuples : interdire l’endogamie et rendre possible l’échange des hommes et des femmes, et donc l’apparition d’une société.

"Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande"

Est-ce Jean-Marie Le Pen qui a prononcé cette phrase ? Rappelons que M. Le Pen a été condamné le 8 février 2008 à 10 000 € d’amende et à trois mois de prison avec sursis pour complicité d’apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l’humanité, en raison de propos publiés en 2005 dans l’hebdomadaire Rivarol, qualifiant l’occupation allemande de "pas particulièrement inhumaine". Non, Jean-Marie Le Pen n’est pas l’auteur de cette citation. C’est Jean-Paul Sartre.

Commentaire critique : cette phrase est extraite de  La République du silence. Cette affirmation imprudente de Sartre est liée à sa notion personnelle de la liberté. Pour lui, l’homme est par son être même, par son essence, liberté. ­C’est ce qu’il explique dans L’Être et le Néant en 1943. Pour lui, l’homme aurait été plus libre sous l’occupation puisque les dangers et les menaces lui auraient donné une plus grande conscience alors de sa liberté, et l’auraient arraché à son contexte et aux forces qui le conditionnent et­ l’oppressent.

Remerciements :


Cet article a été inspiré du journal en ligne philomag.com et plus particulièrement de la rubrique "L’Exemple et la Phrase choc"

Source :
http://www.agoravox.fr