Cindy Leoni est pressentie pour succéder à Dominique Sopo à la tête de SOS Racisme ce week-end.
Petit CV :
Actuellement vice-présidente de l’association antiraciste, Cindy Leoni devrait en prendre la présidence à la faveur du conseil national de SOS Racisme qui se tiendra les 6 et 7 juillet prochain.
Ancienne responsable du syndicat lycéen Fidl et membre du Parti Socialiste, elle devrait donc prendre les destinées des potes pour les prochaines années.
Petite interview :
Cindy Leoni est un pur produit de l’école républicaine laïque. De retour à Brignoles, la jeune femme, d’origine israëlo-sénégalaise, se bat contre le racisme et les discriminations.
Debout sur une poubelle, un mégaphone entre les mains, un petit bout de chou fomente une révolte devant la sous-préfecture...
En 1999, dans les rues de Brignoles, Cindy Leoni n’a pas 15 ans lorsqu’elle devient le leader de la mobilisation lycéenne contre la réforme de l’éducation. Le ministre Allègre démissionne, mais la métisse militante ne raccroche pas les gants. Elle décide de bâtir sa vie autour de ses convictions.
Encartée mais pas dogmatique, elle mène de front combat politique, au sein du Parti socialiste, et engagement associatif contre les discriminations.
Dix ans après son adhésion, elle vient d’être élue secrétaire générale nationale de SOS Racisme. À la terrasse d’un café, entre deux rendez-vous, la jeune femme a accepté de revenir sur les origines de sa « foi » et envisagé jusqu’où celle-ci pourrait la mener.
À quel moment avez-vous décidé de passer à l’action ?
La prise de conscience remonte à l’école primaire. Un enfant m’avait traitée d’indigène. J’avais trouvé ça sympa, mais, en regardant dans le dictionnaire, j’ai compris qu’il ne me le disait pas parce qu’il me trouvait jolie, mais plutôt parce que ma couleur de peau était différente. J’ai vu à quel point le rejet pouvait faire mal et qu’il était hors de question de se laisser faire.
Votre famille vous a-t-elle influencée ?
Sur l’envie d’apprendre et de m’ouvrir sur le monde. J’ai toujours entendu parler politique à la maison. Le parcours de mes parents m’a aussi beaucoup appris. Ils ont tout fait pour ne pas que l’on grandisse dans des HLM. Lorsque j’ai réalisé que tous les jeunes n’avaient pas cette chance, je me suis intéressée à ce à quoi j’avais échappé.
Quels ont été vos premiers combats ?
Dès le collège, je voulais représenter mes camarades. J’ai été élue déléguée de classe, puis au conseil d’administration. Au lycée, je me suis battue dans les instances représentatives, au rectorat et au ministère.
Ce n’est pas un hasard si, en 1999, votre première bataille politique visait la défense de l’école ?
Peut-être pour lui rendre ce qu’elle m’avait donné. On ne découvre pas les grands penseurs humanistes en allant faire son marché. L’école républicaine m’a permis d’accéder au savoir et ainsi de forger mon identité militante.
Y a-t-il un rapport avec votre engagement chez SOS Racisme ?
À chaque fois que l’état se désengage, qu’il ferme une école ou une poste, qu’il exclut, d’une manière ou d’une autre, une partie de la population, il crée un terrain propice à la violence et au racisme.
Le problème est-il le même aujourd’hui ?
Oui. On ne peut pas demander à l’école de fonctionner mieux, de faire de bons citoyens, en réduisant constamment les moyens dont elle dispose.
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