Les transferts de capitaux intra européens diminuent inexorablement. Comme les prêts transfrontaliers. C’est la Banque centrale européenne qui le dit.
Particulièrement inquiets, après avoir inondé de capitaux l’Europe périphérique et en avoir grassement profité, les établissements financiers du « Nord » réduisent drastiquement leur exposition aux nations du « Sud » et, ce, particulièrement depuis l’été 2011. En fait, c’est aussi simple que cela : les flux de capitaux envers les pays périphériques se sont quasiment asséchés ! Les banques ayant effectivement peur de décevoir leurs actionnaires, toujours plus affamés par la quête éternelle du profit, se sont donc détournées de ces régions qui se retrouvent aujourd’hui dans le dénuement. C’est ainsi que les mouvements de fonds transfrontaliers se sont actuellement effondrés à leur plus bas niveau depuis Juin 2007 ! Certaines banques européennes importantes vont jusqu’à se désengager de leurs propres succursales établies dans les pays du Sud.
Comme les allemandes Commerzbank et Deutsche Bank qui préfèrent que leurs branches espagnoles aillent puiser dans la cagnotte de la BCE, plutôt que d’accomplir leur devoir de subvenir à leurs besoins. Et pourtant les réserves de ces deux banques allemandes auprès de la même BCE seraient très largement suffisantes pour voler au secours de leurs propres succursales… En réalité, la haute finance allemande et du « cœur » de l’Union est aujourd’hui prête au retour de certaines monnaies (drachme, peseta ou escudo) qui subiront logiquement une très forte dévaluation se répercutant dramatiquement sur leurs banques nationales.
Pour autant, ce n’est pas la seule finance qui, dans une tentative de préserver ses profits, agit de la sorte. Les autorités elles-mêmes imposent à leurs banques de rompre toute relation avec les nations qui sont sur un siège éjectable. C’est ainsi que la plus haute autorité allemande de régulation bancaire – la BAFIN – vient d’exiger que la HypoVereinsbank conserve ses liquidités dans le pays. BAFIN qui intervient également afin d’empêcher la succursale allemande du groupe italien Unicredit de rapatrier en Italie (auprès de la maison mère !) ses réserves en excès. Décisions aberrantes et totalement incompatibles avec le principe même d’une union monétaire.
Néanmoins compréhensibles – voire logiques – dès lors que l’on se place dans la perspective d’un éclatement de l’Union, qui provoquerait un sauve-qui-peut généralisé de vente de tous les actifs détenus dans les pays sortants. Implosion qui se précise, et pas qu’au sein des établissements financiers, puisque Shell a tétanisé les observateurs et les marchés la semaine passée en admettant interrompre toute opération de crédit en Europe.
C’est en effet par la voix de son Trésorier (CFO) que Shell a clairement assumé vouloir placer ses réserves en liquidités de près de 14 milliards d’euros aux Etats-Unis et dans les Treasury Bonds, au détriment de tout investissement en Europe ! Tout le monde se prépare donc au pire, à savoir une scission européenne qui, pour le moment, ne profite qu’à l’Allemagne qui bénéficie de taux négatifs sur ses propres financements.