Au bout de six représentations de la pièce ignoble au Théâtre de la Ville à Paris, Sur le Concept du Visage de Fils de Dieu, un premier bilan permet de dire qu’aucune représentation n’a pu se dérouler de manière « normale ».
Retards, interruptions, présence policière dans la salle, fouilles à l’entrée pour traquer le catho, manifestations priantes ou – dirons-nous – plus dynamiques avec des jets d’œufs depuis la façade du théâtre, auront marqué chaque soirée. Expression multiforme d’un ras-le-bol légitime devant les atteintes obsessionnelles de l’« art » contemporain contre les symboles les plus sacrés de la foi chrétienne : différents groupes s’organisent, d’autres jeunes catholiques viennent spontanément, tous évitent la violence. La vraie, celle qui brutalise et qui fait mal.
Tiens, je cherche en vain dans la presse convenue des comptes rendus des coups donnés par les forces de l’ordre, une évocation du car de police qui a écrasé le pied d’un militant d’Action française menotté et à terre, des protestations de plusieurs évêques qui avaient encouragé les chrétiens à dire leur indignation. Comme le dit Alain Escada de Civitas, les médias ont relayé avec enthousiasme ces derniers temps le mouvement des « Indignés » : « Curieusement, les chrétiens n’auraient pas le droit, eux, de s’indigner ? »
Il n’est question que de « liberté d’expression » bafouée et si certains commentateurs accordent généreusement aux jeunes chrétiens le droit de se sentir blessés dans leur foi par la pièce de Romeo Castellucci, ils s’empressent de se moquer d’eux, de souligner qu’il y a danger pour la République (ben oui, l’Action française aussi s’est pacifiquement mobilisée), que l’intégrisme n’est pas loin (pas plus que la charia en Tunisie, en Egypte et en Libye peut-être ?) et que l’ordre moral est d’autant plus à craindre que les autorités – ministre de l’Intérieur et de la Culture compris – brillent par leur silence. Commencer à dire que les jeunes chrétiens doivent avoir le droit eux aussi de s’exprimer, c’est le début de la fin, assure avec emphase Rue89 :
« Faudra-t-il attendre que les vandales détruisent un tableau de Caravage ou brûlent des exemplaires des Fleurs du mal de Baudelaire pour enfin entendre les autorités brandir de très sérieuses menaces contre eux ? »
Bien sûr, la Ligue des Droits de l’homme est en première ligne pour défendre ce qu’il faut bien appeler le « droit au racisme anti-chrétien ».
Romeo Castellucci lui-même s’est fendu d’un communiqué qui démarre sur une phrase du Christ : « Je leur pardonne car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Son spectacle, dit-il est « spirituel et christique, c’est-à-dire porteur de l’image du Christ ». Un esprit de pardon qui enfonce et accable, jugez plutôt : « Mais je leur pardonne parce qu’ils sont ignorants, et leur ignorance est d’autant plus arrogante et néfaste qu’elle fait appel à la foi. »
Il n’y a jamais eu d’excréments sur la Face du Christ, assure l’écrivain-metteur en scène. Juste « la coulée finale d’un voile d’encre noire, descendant sur le tableau tel un suaire nocturne ». Comme c’est curieux : des journalistes des plus sérieux – puisqu’ils sont de la presse de gauche – ont bien vu, eux, des coulées de merde descendre du tableau déchiré et désagrégé : celle du Guardian de Londres par exemple, et celle du Monde (qui dit mieux ?).
A Paris, explique tel autre journal, la pièce a été expurgée d’une scène : celle des grenades jetées contre la Face du Christ d’Antonello di Messina par une rangée d’écoliers. Pourquoi donc ? Elle posait donc problème, cette scène ? Rendait-elle Castellucci moins innocent qu’il ne voudrait le faire paraître ? Et puis, est-ce si sûr ? Le Nouvel Obs, L’Express, Le Parisien et j’en passe publient des photos des enfants caillasseurs ou de la scène jonchée de grenades en plastique, précisant à l’occasion que la photo a été prise au Théâtre de la Ville.
Les chrétiens, comme les autres, ont droit à la protection et au respect de leur foi. Les tribunaux les leur ont refusés en rejetant une demande de l’AGRIF visant à déprogrammer ce spectacle qui blesse et qui injurie – puisqu’il y a des blessés et des injuriés. Un nouvel épisode de la haine anti-chrétienne s’ouvre avec la prochaine représentation, à Toulouse et à Paris, de Golgota Picnic, encore plus virulent dans sa dénonciation des catholiques et du Christ et bien plus obscène : Me Jérôme Triomphe vient d’adresser des « demandes préalables » au maire et au préfet de Paris afin de faire constater que la pièce constitue un trouble à l’ordre public et pour demander sa déprogrammation et son interdiction, avant de saisir le tribunal administratif.
Il cite notamment la jurisprudence de la « soupe aux cochons » qui a pris en compte, pour l’interdire, « les risques de réactions à ce qui est conçu comme une démonstration susceptible de porter atteinte à la dignité des personnes privées du secours proposé et de causer ainsi des troubles à l’ordre public ».
Les réactions des jeunes chrétiens ne sont peut-être pas assez méchantes pour justifier un retrait prudent. Et il ne faut pas qu’elles le soient : notre foi catholique, justement, demande ici le témoignage, et non la destruction, la haine et les coups. Il nous est demandé au contraire de vouloir du bien à nos ennemis. Cela ne dispense pas de constater l’existence l’offense ni de lutter pour qu’il cesse. Un « non » des autorités, un refus d’appliquer la loi, reviendrait-il à signifier que les chrétiens n’en font pas assez pour se faire respecter ?
Il faut donc soutenir l’AGRIF (70, boulevard Saint-Germain, 75005 Paris) et répondre à l’appel de Civitas : grande manifestation contre la christianophobie le samedi 29 octobre à 18 heures, place des Pyramides à Paris.