La nouvelle génération de travailleurs migrants souffre toujours d’une série de problèmes « classiques », notamment la discrimination, la violation de leurs droits et un accès limité aux services sociaux essentiels, révèle une étude menée sur six mois dans la province minière septentrionale du Shanxi. Afin d’aider ces jeunes à s’intégrer à la vie urbaine, le comité provincial de la Ligue de la jeunesse communiste chinoise a lancé un sondage en juillet 2010 dans onze villes, et a recueilli la participation de 5 000 jeunes travailleurs migrants.
Les résultats montrent que les travailleurs migrants souffrent de discrimination et d’un accès injustement limité aux services médicaux et scolaires pour leurs enfants.
« Ce qui m’ennuie le plus, c’est que puisque je n’ai pas de hukou local (permis de résidence permanent) pour moi ou pour les membres de ma famille, je dois payer une taxe additionnelle lourde pour envoyer mon fils à l’école primaire ici. Je ne peux pas me le permettre », explique Hu Zheng, un migrant âgé de trente ans originaire du Sichuan.
Depuis trois ans, Hu est employé comme ouvrier qualifié auprès du groupe de construction Sijian à Taiyuan, la capitale de la province. Il gagne à présent 4 000 yuans (606 dollars) par mois. Bien que son revenu ait considérablement augmenté depuis ses débuts, il n’ose toujours pas faire venir sa femme et leur fils sur place.
« Je travaille à la ville depuis des années, et j’aime la vie urbaine qui offre plus d’opportunités aux jeunes. Mais la longue séparation d’avec ma famille et la discrimination dont je fais souvent l’objet me dérangent », poursuit-il.
De nombreux travailleurs migrants rencontrent les mêmes problèmes. La majorité des participants à l’étude déclare se rendre rarement à l’hôpital en cas de maladie. Ils préfèrent aller dans de petites cliniques illégales qui proposent des traitements moins chers.
Près de 50 % affirment gagner entre 500 et 1 000 yuans par mois. Environ 10 % d’entre eux gèrent leur propre activité, et les autres sont généralement employés dans des mines de charbon, des usines métallurgiques ou pharmaceutiques.
Une petite minorité travaille sur des sites de construction ou dans des restaurants, preuve que les attentes des jeunes sont plus hautes que celles de leurs aînés.
La plupart explique qu’outre le salaire et la protection sociale, leur environnement de travail, la réputation de l’employeur et les perspectives de carrières sont étudiées avant d’accepter un emploi.
L’étude montre pourtant que les droits et intérêts de ces travailleurs sont souvent ignorés par leurs employeurs. Les principaux problèmes concernent le manque de sécurité de l’emploi, les inégalités de salaire entre hommes et femmes et de fréquents retards de paiement.
Cette deuxième génération de travailleurs migrants constitue un nouveau groupe social, qui comprend des jeunes nés entre 1980 et le début de la décennie suivante, qui ont pour beaucoup grandi en milieu urbain avec leurs parents, eux-mêmes migrants.
Par rapport à la première génération, ces jeunes bénéficient de débouchés plus larges grâce à une meilleure éducation. Ils sont de moins en moins attachés à la terre et souhaitent en majorité s’installer de manière permanente dans les villes.
La Chine compte 150 millions de travailleurs migrants, dont 61,6 % sont âgés de 16 à 30 ans, selon les statistiques gouvernementales.
Une vague de suicides dans l’usine Foxconn du sud de la Chine et une série de grèves dans l’ensemble du pays au premier semestre 2010 ont attiré l’attention médiatique sur ces jeunes ouvriers.
Depuis, les autorités centrales et locales ont été appelées à allouer davantage de fonds au logement et à l’éducation des travailleurs migrants et de leurs enfants, et à les aider à s’installer dans les villes pour qu’ils puissent bénéficier de la sécurité sociale et d’autres prestations.