La compagnie de Carcassonne qui, hier matin, se rendait à Paris a fait demi-tour à Cahors. Les policiers n’étaient pas assez nombreux. 48 d’entre eux ont posé, un ticket maladie, en signe de protestation.
Il auraient dû être 80 environ. Ils n’étaient finalement qu’une trentaine, hier matin, à embarquer dans les cars en direction de Paris. Les CRS de la « 57 » de Carcassonne devaient se rendre à la capitale pour assurer des missions de maintien de l’ordre mais ne sont jamais arrivé à destination.
En effet, à hauteur de Cahors, ordre a été donné de faire demi-tour et de rentrer au bercail, faute d’effectif en nombre suffisant. En fait, 48 fonctionnaires de la compagnie ont posé un arrêt maladie en même temps et ce, selon nos sources, pour protester contre les « façons de faire de leur hiérarchie et les pressions exercées sur les personnels ».
Si une cinquantaine de policiers a posé un arrêt maladie, c’est parce que l’un de leur collègue a fait l’objet d’un contrôle que les troupes considèrent comme abusif. En effet, le CRS en question a été victime d’une blessure, en l’occurrence une fracture du bras, durant la feria de Béziers et ce contrôle à son domicile a été très mal vécu par ses camarades. « Avec 48 contrôles à effectuer, la hiérarchie va avoir de quoi s’occuper », ironisait hier un proche de la « 57 ».
Contacté par téléphone, le commandant de la compagnie, Thierry Saforcada, s’est indigné du fait qu’il y ait « des personnes qui s’amusent » à divulguer « des informations confidentielles et inexactes » (sic). Il s’est refusé à tout commentaire concernant le « demi-tour » de sa compagnie hier matin et a coupé court à la conversation. Tout laisse penser, toutefois, que cet incident refera parler de lui.
Aude : ça grogne aussi dans la police...
Si la grogne règne chez les CRS, elle n’épargne pas non plus les policiers audois. « En trois ans, nous avons perdu peu ou prou, l’effectif d’un petit commissariat de police, comme celui de Castelnaudary », explique avec amertume Serge Lafitte, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police-FO.
Entre 2006 et 2010 sur l’ensemble de la zone police (Carcassonne, Castelnaudary, Narbonne), trente policiers manquent à l’appel. « Cela s’explique simplement, note le syndicaliste, les postes ne sont plus remplacés systématiquement ». Quant aux ADS (adjoints de sécurité), leur sort n’est guère plus enviable, et leur remplacement à l’issue de leur contrat, n’est pas une priorité.
Serge Lafitte reconnaît toutefois que ses collègues échappent « à la culture du résultat… même si la pression existe au niveau de la direction ». Seule bonne nouvelle, les effectifs devraient rester étals, d’ici 2011. Mais aujourd’hui d’une manière générale, affirme Serge Lafitte, « le ras-le-bol est général dans les rangs de la police comme chez les gendarmes ».
Ici, comme ailleurs les policiers sont confrontés à la violence. « L’an dernier, les violences faites aux policiers ont doublé par rapport à celles enregistrées en 2008 », explique le syndicaliste. « On ne refuse pas de faire notre travail, mais nous n’en avons plus les moyens humains et techniques ».