Ce sont chaque mois près de 90 millions de transactions européennes qui sont enregistrées et analysées par les Etats-Unis, via le système SWIFT, qui dispose de tout le détail des transactions (banques situées dans deux pays différents) : émetteur, destinataire, montant, date.
Tous les virements entre banques européennes situées dans des pays différents passent par SWIFT, un organisme de compensation qui garantit la validité de ces échanges. SWIFT dispose de tout le détail des transactions dès lors que des banques situées dans deux pays différents sont concernées : émetteur, destinataire, montant, date (cf. l’article SWIFT chez Wikipedia)... Ce sont près de 90 millions de transactions qui sont enregistrées ainsi chaque mois...
Depuis fort longtemps, les Etats-Unis ont reconnu qu’ils espionnaient ces transactions. S’ils peuvent suivre ainsi tous les échanges commerciaux entre sociétés européennes, qui pourrait y trouver à redire ?
Visiblement pas l’Union européenne, qui vient de valider ce dispositif, contre quelques garanties ridicules des Etats-Unis. Ainsi les données ne seront conservées, en principe, 5 années seulement. Il est certain qu’un tel délai ne permet pas de copier les données ailleurs... Et un système va être mis à l’étude (d’ici à ce que ce dossier soit confié à Courroye...) pour qu’à l’avenir ce ne soient pas toutes les données qui soient systématiquement copiées mais seulement celles pour lesquelles des investigations sont en cours. Autant dire qu’une commission va se pencher sur la question. Enfin, un représentant européen aux Etats-Unis s’assurerait du bon usage des données. On parle du juge Bruguière, défenseur bien connu des libertés publiques (dans un rapport récent il admet qu’il ne sait pas à quel niveau sont diffusées les données SWIFT parmi les 1271 agences américaines participant à la lutte contre le terrorisme).
Il faut noter donc que face à une attitude totalement unilatérale et méprisante de la part des Etats-Unis, l’Union européenne n’a arraché que quelques concessions de surface. Un tel événement devrait suffire à mépriser définitivement cette organisation. La plupart des européens s’interdisent pourtant de trouver l’Union méprisable. Les Etats-Unis, eux, ne s’en privent pas puisqu’à peine un nouvel accord SWIFT validé, ils ont annoncé en septembre dernier qu’ils comptent s’asseoir dessus.
Au delà des questions économiques, financières et sociales, l’appartenance d’une démocratie à une institution aussi méprisable et soumise que l’Union européenne devrait susciter chez tout citoyen normalement constitué - et informé -, un sursaut de dignité. Sortir de ce carcan est une question qui finit par relever de la morale plus que de toute autre considération.
Les propagandistes de l’Union européenne chez Toute l’Europe ont traité ce sujet en brève, en juillet dernier, lors de la validation du dispositif par les députés européens. Ils sont payés pour dire du bien de l’Europe, pas pour informer... Un courageux a cependant conclu cette brève en interrogeant un député européen hostile à l’accord, lui laissant ainsi le dernier mot.
Par ailleurs, l’exemple de SWIFT montre que les Etats-Unis et leurs filiales sont parfaitement à même de suivre l’ensemble des transactions financières lorsqu’il s’agit de lutte anti-terrorisme. Ce sont sûrement des raisons techniques insurmontables qui empêchent que l’on fasse de même avec la fraude fiscale...