Après trente ans de mandat au Parlement de Strasbourg, le compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, éclipsé par Marine Le Pen, ne sera pas présent sur la liste du parti en mai.
Un samouraï ne prend pas de retraite. Et même s’il ne se représente pas aux élections européennes, Bruno Gollnisch, le Nippon de l’ex-Front, parlant parfaitement le japonais après des études à l’université de Kyoto, n’entend pas se consacrer à planter des chrysanthèmes, fleur symbole de l’empire du soleil levant.
Entré au FN en 1983, compagnon de route originel du parti de Jean-Marie Le Pen, l’éternel second du Front national raccroche après trente ans de mandat au Parlement de Strasbourg, soit cinq ans de moins que Le Pen père. Pour lui une page se tourne. Plus qu’un tournant, c’est même un changement d’époque.
Dans ce Rassemblement national conduit par Marine Le Pen « dédiabolisé », rebaptisé et relooké, pas sûr que ce gardien du temple du FN d’antan, condamné pour avoir tenu des propos négationnistes avant d’obtenir gain de cause en cassation, ait encore sa place. « J’aurai la place qu’on voudra bien encore m’y faire », concède celui qui a été donné tant de fois comme successeur légitime du président fondateur du parti d’extrême droite avant que Marine Le Pen ne reprenne la boutique. Mais pas sûr que les instances suprêmes du parti soient aujourd’hui prêtes à lui en donner une.
La trajectoire de Gollnisch peut se lire de deux manières. Comme la preuve d’abandons successifs ou comme la démonstration d’une abnégation à toute épreuve. Au service de la cause. En 1998, il s’est par exemple employé plus que d’autres à reconstruire un édifice en ruines après la scission mégrétiste. À chaque congrès du parti, il est alors élu par les militants dans le trio de tête des instances dirigeantes. Un dévouement qui, au bout du compte, ne lui aura pas rapporté grand-chose. Excepté une touche de notoriété et plusieurs décennies de mandats.
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Bruno Gollnisch, universitaire et intellectuel, ne vient pas du sérail de l’extrême droite « coutumière », habituée aux coups de poing contre « les gauchos ».
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Mais l’homme a toujours revendiqué son appartenance à la « droite nationale » traditionaliste, et non à l’extrême droite. Des états de service insuffisants aux yeux de Le Pen pour en faire un chef. « Je n’ai pas de haine », conclut Gollnisch. Une dernière confession avant de prendre un train vers d’autres activités, mais sans jamais rien abjurer sa fidélité à Jean-Marie Le Pen.
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