Trop d’la chance : de notre temps, on ne pouvait pas changer de sexe comme aujourd’hui. Dans les années 80, par exemple, ils étaient très peu à tenter l’aventure, franchir le Rubicon – sans jeu de mots –, cette rivière sans retour. Il fallait en être, faire partie de la minuscule communauté des travs et trans, parler avec un psy ou un prêtre, même si parfois l’un d’entre eux disparaissait en forêt avec un carnet plein de noms de personnalités.
En 2022, tout est en place pour que les garçons deviennent des filles et les filles des garçons, dès le moindre doute sur leur sexualité, ce qui est pourtant un passage obligé à l’adolescence, quand les hormones partent dans tous les sens.
C’est la période où naît l’idéalisme, l’envie d’absolu, de suicide aussi. L’industrie de la chirurgie, soutenue par les médias aux ordres du politique, lui-même soumis aux injonctions profondes du mondialisme attalo-schwabien, permet aujourd’hui de passer de l’autre côté en trois coups de cuillère à pot.
Toi aussi tu peux changer de sexe
Les jeunes y sont encouragés par les médias, qui font la pub de l’intersexualité, le cinéma prenant les devants, avant que la pub ne nous serve des « Changer de sexe ? Trop facile avec Intersexa », kit en vente partout. France 5, la chaîne de l’éducation, vous avez bien lu, éducation, propose une série sur l’adolescence intersexe. C’est l’histoire de Sasha, qui a été « mutilée » dans sa vraie sexualité :
« J’ai tout, en fait j’ai rien. » De son intersexuation – la série utilise volontairement ce terme, plus précis qu’« intersexualité » –, Sasha ne sait plus quoi faire. « Réparée » mais surtout mutilée dans sa petite enfance par un corps médical qui ne pense qu’à lui assigner définitivement un sexe, masculin en l’occurrence, Sasha se fait depuis quelques mois appeler « elle » et entre en jeune fille dans son nouveau lycée. En attendant sa majorité, et l’opération qui fera d’elle une « vraie » femme
Naturellement, cette nouveauté progressiste ne pouvait pas échapper au Monde, le journal de feu Pierre Bergé, grand amateur de chair tendre. Le casting est dans la droite ligne de ce qu’on peut imaginer : de la « fille de », du people branché, du communautaire pistonné.
Imaginée par Yaël Langmann, qui réalise la série aux côtés de Jérémy Mainguy, Chair tendre aborde avec à la fois d’infimes précautions et beaucoup d’audace un sujet propice au traitement clinique, psychologisant et volontiers larmoyant. Elle le fait avec ce qu’il faut de distance – le personnage de Loé, « référent » de Sasha pour sa future opération, donne des repères – mais surtout une dose inattendue de folie. Cela commence par les parents de Sasha, un couple encore jeune et un peu destroy qui cherche à sortir par le haut d’une situation qui le dépasse. En mère aimante, vacharde et silencieusement dévastée, Daphné Bürki fait des merveilles.
Cela passe aussi par le duo incandescent que Sasha forme avec sa petite sœur, Pauline (Saül Benchetrit). Et sur ce sujet, la tentation des superlatifs est grande. À peine adolescente au moment du tournage, la fille d’Anna Mouglalis et Samuel Benchetrit pulvérise l’écran et renvoie joyeusement ses aînés en coulisses. La caméra l’aime mais elle aime aussi beaucoup Angèle Metzger, ex-mannequin androgyne très en vue, qui donne à Sasha un corps, une voix, une présence qui semblent s’épanouir au fil des épisodes. Le reste du casting est à l’avenant, à la fois improbable et follement réussi. On y croise une influenceuse (Paola Locatelli), Léna Garrel, l’ex-comique Océan dans un petit rôle, ou encore Grégoire Colin en père dérouté.
Au moment où les ados sont encore fortement perturbés par l’emprisonnement incompréhensible de 2020, par les injections d’effets secondaires de 2021 et les appels à la destruction de l’hétérosexualité et du romantisme de ces dernières années, pour leur éviter de penser à la dictature du Marché, de la Banque ou des mondialistes satanisés, on les désoriente avec des sentiments contradictoires. C’est malin.
Vu le niveau de déculturation ambiant, et là on met de côtés les jeunes qui sont lucides, qui sont en prise avec le boulot et les galères, plus les militants sérieux de gauche et de droite populistes, on va voir des bataillons entiers de paumés demander le changement de programme. Heureusement, le Marché a tout prévu puisque des cliniques réparatrices ou esthétiques fleurissent un peu partout. Le hasard !
On a souvenir que la multiplication des articles complaisants des années 2000 dans la presse féminine et dans la presse people sur la chirurgie esthétique avait pour origine une sorte de syndicat des cliniques privées, suivez notre regard. Aujourd’hui, le changement de corps n’est plus l’apanage des people, qui y recourent depuis les débuts d’Hollywood : dans les années 20 déjà, on parle de 1920, pas de 2020, les actrices se faisaient grossir la poitrine. D’où ces westerns étranges avec des brunettes nanties d’une paire d’obus de 155 pointés vers le viril cow-boy (qui était parfois gay dans le civil).
Allez les jeunes, tous sur le billard !
Un siècle plus tard, c’est plutôt le cul que les femmes se font rebondir. Mais le sujet c’est le sexe, ou le genre, pas la plastique. Pour trans-former tous ces ados déglingués par l’ÉducNat franc-maçonne qui vont taper « cliniqe chengemen sex pas chere » sur leur mobile, il y a normalement des CHU spécialisés, et si ces jeunes répondent à quelques critères de souffrance psychique (genre « on m’a discriminé »), l’opération sera remboursée par la Sécu.
Pour ceux qui veulent changer deux trois trucs sur leur corps en attendant une extension des accréditations à tous les charcutiers de l’entrejambe, il y a une nouvelle chaîne de supermarchés qui se développe : la clinique des Champs-Élysées. Certes, elle n’est pas habilitée à pratiquer le changement de sexe, comme la clinique Mermoz à Lyon, mais devant l’afflux prévisible des demandes, après l’intense campagne médiatique que l’on sait, gageons que certains députés et ministres seront sensibles à une petite transformation de la loi.
« Nous allons ouvrir dix structures en France. J’ai enclenché ce projet sans prévoir de lever des fonds. Mais Raise regardait depuis quelque temps le secteur de la médecine esthétique. Le taux de pénétration en France y est encore faible, de 10 %, contre 50 % au Brésil. » (Tracy Cohen)
Les Échos ont fait le portrait de la success story (succès d’histoire) de Tracy Cohen : dans les années 90, il y avait une actrice du nom de Traci Lords mais ça n’a rien à voir : notre Tracy est de bonne famille, et de bonne facture !
Après un parcours bancaire chez Rothschild, la jeune femme est venue à la rescousse de son père pour redresser sa clinique esthétique sur le rond-point des Champs-Élysées. Huit ans plus tard, elle se revendique le leader en France du secteur et affiche de grosses ambitions régionales.
L’essentiel, quand s’ouvre un nouveau marché, ce qui est l’essence du capitalisme, c’est d’être prêt à manger la plus grosse part. L’offre est là, et la demande va bientôt exploser.
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