En novembre dernier, le chef de l’Air Combat Command, le général Mike Hostage, avait évoqué ce que serait un avion de combat de 6e génération appelé à entrer en service en 2030.
“Nous allons faire des choses complètement différemment. Je pense que ce sera une combinaison de certaines technologies très intéressantes qui produiront de nouvelles capacités”, avait-il affirmé lors d’une conférence du Center for Strategic and Informational Studies.
De son côté, l’US Navy semble plus avancée dans sa réflexion étant donné qu’elle a déjà lancé le processus pour développer un tel appareil. Selon ses plans, le F-35C, l’avion de 5e génération en cours de mise au point chez Lockheed-Martin, remplacera les F/A-18D Hornet qu’elle met actuellement en œuvre. Quant au projet F/A-XX, il vise à trouver un successeur aux F/A-18E/F Super Hornet et EA-18G Growler à l’horizon 2030.
Ainsi, dans sa requête pour informations (Request for Information, RFI) envoyé en avril 2012 aux constructeurs aéronautiques, la marine américaine avait précisé que l’objectif était de concevoir un appareil destiné à opérer depuis un porte-avions et devant fournir une suprématie aérienne, avec des capacités de frappe dans un environnement A2AD (anti-access/area denied).
D’où le concept F/A XX qu’a dévoilé Boeing à l’occasion de la Navy League’s Sea-Air-Space Exposition, organisée à Washington la semaine passée. Au regard des dessins publiés, l’on peut constater que ce futur appareil n’aura pas d’empennages.
Pour autant, il ne s’agira pas d’une aile volante étant donné qu’il sera muni de surfaces “canard”, ce qui peut paraître surprenant. À noter également que la visibilité arrière du pilote sera réduite, ce qui suppose qu’il sera équipé d’un système à l’image du Distributed Aperture System (DAS), qui permet au F-35 de détecter tout mouvement sur 360°. En outre, le F/A XX pourra être piloté à distance, comme un drone.
Cela étant, il est hasardeux de tirer des conclusions définitives à la vue des images de ce projet qui ont été diffusées par Boeing. “Nous venons régluièrement avec des dessins qui représentent ce que nous pensons de ce que devrait être le produit. Le plus souvent, le projet final est différent des premieres images”, a ainsi expliqué, à Popular Mechanics, Deborah VanNierop, porte-parole de la division Phantom Works de l’industriel.
“Ce qu nous voulions faire avec les images du F/A XX était de montrer au client (le Pentagone) que nous sommes un acteur sérieux de cette compétition”, a-t-elle ajouté. “Beaucoup de détails dans ces images sont le produit d’équipes de graphistes, pas d’ingénieurs aéronautiques (…) Ils font un travail extraordinaire avec le peu d’informations que nous leur donnons”, a-t-elle précisé.
Reste à voir si le F/A XX verra le jour. Avec un budget déjà en baisse et susceptible, qui plus est, d’être la cible de nouvelles coupes automatiques dans les 10 ans qui viennent, il n’est pas certain que le Pentagone ait les ressources suffisantes pour financer un tel programme dans des délais relativement courts (2030, c’est presque déjà demain). Et cela d’autant plus que le développement du F-35 a connu une explosion des coûts depuis son lancement.
Et il risque d’en être de même avec celui de cet avion de 6e génération, surtout avec la fameuse Loi d’Augustine (ndlr, du nom de Norman Augustine, ancien directeur de Lockheed Martin et secrétaire de l’US Army dans les années 1970).
“Le coût unitaire des produits aéronautiques militaires a crû à un rythme étonnant et intenable tout au long de l’histoire. Considérons l’exemple des avions tactiques. Comparant l’évolution du coût unitaire par rapport au temps, [...] nous observons que le coût d’un avion tactique a été multiplié en moyenne par 4 tous les dix ans. En extrapolant le budget de la défense selon les tendances de ce siècle, on découvre qu’en 2054 la courbe du coût d’un avion rejoindra celle du budget. Ainsi, au rythme actuel, le budget de la défense entier ne permettra d’acheter [en 2054] qu’un seul avion tactique”, prévoit-elle.