L’Etat français va verser 210 millions d’euros à l’homme d’affaires et ancien ministre Bernard Tapie en règlement final d’un litige portant sur la revente d’Adidas en 1993 par le Crédit lyonnais, alors banque publique, écrit mercredi Le Canard enchaîné.
Christine Lagarde, ministre de l’Economie, s’expliquera prochainement devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale sur ce paiement, qui serait bien supérieur à ce qui avait été initialement envisagé, dit-on dans l’entourage du président socialiste de cette commission, Jérôme Cahuzac.
Seraient payés 45 millions d’euros au couple Tapie pour préjudice moral et 165 millions à la société de Bernard Tapie.
Dans des déclarations à la presse, Bernard Tapie dit que l’article du Canard enchaîné mélange plusieurs chiffres, notamment la vente de biens saisis alors que ses sociétés étaient en faillite. Il est donc faux selon lui de dire que le résultat du litige est de 210 millions d’euros en sa faveur.
Son avocat, Me Maurice Lantourne, n’a pu être joint. Le cabinet de Christine Lagarde n’a pas souhaité faire de commentaire sur le fond de l’affaire en expliquant que le résultat exact du litige n’était pas encore connu.
Jérôme Cahuzac est dans l’attente de l’estimation du gouvernement, a-t-on précisé dans son entourage. Le chiffre officiel est espéré avant la fin de la semaine, ajoute-t-on.
Le gouvernement expliquait auparavant que l’ancien président de l’Olympique de Marseille conserverait une trentaine de millions d’euros après paiement de son passif fiscal et social.
ARBITRAGE CONTESTÉ
Une instance arbitrale dont l’intervention a été acceptée par l’Etat et Nicolas Sarkozy, après une défaite de Bernard Tapie en Cour de cassation, lui avait accordé en 2008 dans ce dossier une indemnité record de 400 millions d’euros, somme dont doivent être déduits les frais de procédure et les dettes.
La gauche et le MoDem avaient vivement protesté, soulignant que l’Etat avait sans raison renoncé à une victoire judiciaire et estimant que Bernard Tapie était en fait récompensé de son soutien à Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007.
L’Etat avait renoncé à un recours devant la justice administrative. Bernard Tapie dit que justice lui a normalement été rendue. Le gouvernement dit avoir fait appel à l’instance arbitrale pour abréger une procédure judiciaire coûteuse.
Président de l’Olympique de Marseille de 1987 à 1993 et ministre de la Ville de François Mitterrand en 1992-1993, il a purgé en 1997 une peine de huit mois de prison ferme pour corruption dans l’affaire du match truqué Valenciennes-OM de 1993, juste après une victoire en Ligue des champions.
A 67 ans, devenu acteur de théâtre et animateur de radio-télévision, il a soldé son parcours judiciaire par une relaxe en avril dernier dans un procès pour banqueroute concernant ses anciennes sociétés.
Il n’exclut pas un retour à la vie publique. Ses amis radicaux de gauche viennent d’évoquer publiquement une candidature à l’élection présidentielle de 2012.