Pour mesurer les difficultés de la Justice à coincer un Balkany, dont toute la presse sait depuis toujours l’origine de la fortune douteuse, il n’y a qu’à mettre en balance les charges écrasantes, les preuves amassées depuis 2015 (il a fallu attendre 2015 pour que ça bouge, alors que le couple a pris 15 mois avec sursis en 1996 et collectionne depuis les mises en examen) par les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon, les enquêtes de la presse (il est vrai de gauche, mais même celle de droite s’y met), avec le comportement plein de morgue de l’accusé. Comme si la justice (française) ne pouvait pas l’atteindre.
Et c’est objectivement ce qu’il se passe : pour l’instant, les Balkany n’ont pas fait un seul jour de prison, malgré le flirt permanent avec l’illégalité. Une situation qui rappelle les exactions israéliennes au vu des lois internationales, avec le grand frère américain qui intervient toujours pour bloquer les sanctions. Avec Balkany – on parle du monsieur – on a l’impression identique qu’un grand frère vient régulièrement le sortir d’affaire, ou plutôt d’affaires, et que le chanceux le sait. Il sait à l’avance qu’il n’ira pas en prison.
Le bouclier de la Shoah : jusqu’où ?
Sa défense est simple : sa fortune a été héritée de son père survivant d’Auschwitz qui a fait fortune dans la confection et qui, échaudé par le sort des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, a placé ses avoirs en Suisse. Balkany fils (ben Balkany) reprend cette défense en appuyant bien sur le principe de persécution. Comprendre qu’il y a un lien historique et politique – il parle d’ailleurs d’un « procès politique » devant les caméras – entre la persécution d’hier et la persécution d’aujourd’hui. Sous-entendu, la justice française c’est Vichy. On est à deux doigts d’un tribunal nazi.
« Interrogé sur les circuits de l’argent, Patrick Balkany avait d’abord dit espérer ne pas servir de “bouc-émissaire” à la place de “tous les Français qui ont ou ont eu un compte en Suisse”.
“Acceptez-vous la qualité de fraudeur fiscal au regard de la loi ?”, l’a ensuite interrogé le président. À cette question, l’édile, passablement agacé, a répété avoir rapatrié une partie de l’argent paternel en France et avoir investi le reste sur le territoire français, notamment dans cette villa Serena. La société Belec qui la détenait étant étrangère, elle payait “l’impôt sur la fortune au taux le plus important de 3%”. »
La suite de l’argumentation balkanienne, toujours dans Le Figaro (du 23 mai 2019) :
« “Le fraudeur fiscal que vous me dites être a finalement payé plus d’impôt par le biais des sociétés qui détenaient ces maisons que s’il avait été nommément propriétaire”, a-t-il assuré. “Le fisc français n’a pas été spolié.” “La spoliation, nous et ma communauté, nous savons ce que c’est,” a-t-il ajouté, évoquant les œuvres d’art confisquées aux Juifs sous l’Occupation. “J’ai surtout l’impression aujourd’hui qu’on fait le procès des Juifs qui après la Libération ont pris leurs dispositions” pour mettre leur argent à l’abri, a-t-il conclu, suscitant des murmures dans la salle. »
Le procès d’une « communauté » ?
Jusqu’à quel point la mémoire des juifs morts pendant le conflit de 1939-1945 pourra-t-elle couvrir les exactions (de coreligionnaires) actuelles qui n’ont rien à voir, que ce soit des millions (16 en l’occurrence) fraudés au fisc ou des massacres de Palestiniens ? Combien de temps ce « crédit » peut-il encore tenir ?
Réponse le 20 juin 2019 au tribunal correctionnel de Paris. Et en 2020 pour les élections municipales, car Patrick se porte candidat à sa propre succession à la tête de Levallois.
Notre question : après la Shoah, peut-on condamner un juif (pour fraude fiscale) ?
« Comment les Balkany sont devenus les Balkany »