Pour Bernard-Henri Lévy, la droite républicaine doit mener une "lutte à mort" contre le FN, un parti dont il rejette "le ton de haine et de violence qui l’habite".
Atlantico : Marine Le Pen a obtenu 17,9 % des suffrages lors du premier tour de l’élection présidentielle. Dès 1986, vous évoquiez le danger de "banalisation du FN". Après le 21 avril 2002, vous disiez "Jean-Marie Le Pen est un fasciste". Invité ce lundi sur CNN, vous avez indiqué que la candidate du FN était entourée "de beaucoup de vieux nazis" et évoqué au sujet du premier tour un "vote incroyable pour un parti crypto-fasciste". En quoi le FN est-il, selon vous, crypto-fasciste ?
Bernard-Henri Lévy : Il l’est par sa rhétorique. Par ce ton de haine et de violence qui l’habite et qui ressort à la moindre occasion. Il l’est par la tonalité très « factieuse », par exemple, des attaques de Marine Le Pen contre le Président de la République. Mais il l’est aussi par ses thèmes, son substrat idéologique, qui sont les mêmes, à peu de choses près, et moyennant quelques habillages qui ne trompent que les naïfs, que du temps de Le Pen père. Et je ne parle même pas des gens, des entourages, des hommes et femmes qui gravitent autour du FN, et parmi lesquels vous trouvez tout de même des choses assez incroyables.
Par exemple ?
Un seul exemple. Il y en aurait tant d’autres – mais je ne vous en citerai qu’un. C’est un site qui s’appelle « Les Elégances ». Il est animé, semble-t-il, par un responsable régional du Front national dans le Nord-Pas-de-Calais. Et vous y trouvez, entre autres gracieusetés, une apologie de l’eugénisme, de la collaboration et de l’hitlérisme. Il y a une rubrique, en particulier, sur ce site, intitulée « L’Occupation c’était mieux avant ». C’est une série de pages avec, d’un côté, des images de l’Occupation, de la Collaboration, de l’hitlérisme, des Waffen SS, etc et, de l’autre, des images de femmes en burqa, ou de Nicolas Sarkozy, ou de votre serviteur – et, chaque fois, le commentaire « l’Occupation c’était mieux avant »...