D’aucuns traduisent la dernière baisse des taux décidée par la BCE comme l’annonce d’un échec des banquiers centraux européens qui seraient en train d’épuiser les “armes de politique monétaire conventionnelle”.
Les banquiers de Wall Street se réjouissent déjà ! Cela fait des mois que le secrétaire au Trésor US, T. Geithner, un ancien employé de la Firme de Kissinger, fait pression sur les Européens afin qu’ils recourent, eux aussi, à cette politique de destruction massive de leur devise.
Et l’on voit mal, dans la perspective où la crise de la zone euro ne peut que s’aggraver, comment les tenants de la BCE pourraient échapper aux mesures qui déplaisent aux Allemands comme à d’autres dirigeants de pays peu touchés par la crise des dettes souveraines. On connait bien cette politique de rachat des dettes des Etats par la BCE, tout comme celle qui consiste à prêter à bon marché aux banques.
En attendant, il reste encore la possibilité d’un nouvel abaissement d’un quart de point du coût du crédit en août par la BCE. Ce qui réduirait le taux de refinancement à 0,5% !
Des économistes toujours plus optimistes que réalistes signalent que le MES arrive bientôt en renfort. Mais à la vitesse avec laquelle les milliards sont engloutis, que pèserait (car rien n’est encore joué) 500 milliards d’euros (enveloppe maximum du MES) ? Les banques espagnoles, très gloutonnes d’euros, vont déjà en épuiser une partie… car elles se débattent déjà avec des rendements supérieurs à 7%.
D’autres économistes font valoir que le MES pourrait augmenter sa puissance d’intervention en recourant aux prêts bon marché de la BCE. Mais les banquiers centraux européens ne le veulent pas… pour le moment. Car n’oublions pas que l’objectif reste d’éviter le chaos ÉCONOMIQUE avant 2013.
Finalement, pour gagner du temps, l’option choisie pourrait bien consister en des injections massives de liquidités dites “LTRO”. La BCE prendra en gage de nouveaux produits poubelle, donnant ainsi crédit aux quelques rédacteurs de lettres confidentielles américains qui annoncent, à terme, sa faillite.
On comprend le problème : les banques de la zone euro empruntent de l’argent à très bon marché à la BCE en proposant comme garantie des obligations qu’elles émettent elles-mêmes et qui sont ensuite garanties par leurs Etats d’origine…
Que se passerait-il si ces garanties, élevées approximativement à plus de 100 milliards d’euros, ne valaient plus grand-chose ? Eh bien la BCE devrait, en toute logique, frapper à la porte des banques centrales NATIONALES pour demander de l’aide et… se recapitaliser. Un comble dans le processus du combat mené contre le droit régalien des Etats nations de battre monnaie… On n’a décidément encore rien vu.
Dans ce contexte morose pour les équilibristes européens qui ne veulent pas démordre de leur rêve totalement utopiste, les dernières prédictions de Nouriel Roubini ont jeté un froid. Dans un entretien au Handelsblatt, l’économiste donne trois à six mois à la zone euro pour s’en sortir. “Puis, l’Italie et l’Espagne perdront l’accès aux marchés financiers”.