Les familles indiennes et chinoises qui ont fait avorter les femmes enceintes de filles ont créé un excédent de 10 à 20% de jeunes hommes qui risquent de ne pas pouvoir fonder une famille, selon une étude scientifique publiée lundi.
Le phénomène est apparu dans les années 1980, lorsque les progrès de l’échographie ont permis de détecter le sexe de l’embryon assez tôt pour éventuellement opter pour un avortement, selon la recherche conduite par Therese Hesketh, du Centre d’études sur la Santé et le développement international auprès de l’University College de Londres.
Les garçons ont été traditionnellement préférés aux filles dans plusieurs régions en Chine, en Inde et en Corée du Sud pour des raisons sociales, culturelles et financières.
Au début des années 1990, les statistiques sud-coréennes ont révélé que le ratio habituel de 105 naissances de garçons pour 100 filles, était monté à 125 dans certaines villes.
Une évolution similaire a été observée en Chine, où elle était "compliquée par la politique officielle de l’enfant unique", estiment les chercheurs. Le ratio des enfants mâles chinois, parti de 106 en 1979, est monté à 121 en 2005.
Aussi, dans les régions où deux enfants sont autorisés, dans les familles qui ont eu un premier enfant de sexe féminin, le ratio monte-t-il à 143 pour le second, ce qui laisse deviner que les parents d’une fille choisissent plus souvent un avortement pour tenter d’avoir un fils.
En Inde, il a atteint 125 dans le nord (Punjab, Delhi et Gujarat), tout en restant à 105 dans les Etats du sud, le Kerala et l’Andhra Pradesh.
Selon des estimations de 2005, la Chine compterait un excédent de 32 millions d’hommes de moins de 20 ans.
"Ces hommes ne pourront pas se marier, dans des sociétés où (...) le statut social et l’acceptation d’une personne dépendent largement du mariage et de la fondation d’une famille", mettent en garde les chercheurs.
Ils appréhendent aussi un grand développement de l’industrie de services sexuels payants, déjà en progrès en Inde et en Chine depuis dix ans, mais dont les raisons de la croissance sont difficiles à analyser avec précision.