Cette conférence est quelque peu pathétique, et j’éprouve de la peine pour Pagani et De Negroni. En plus de parler à une bande de bras-cassés, on constate qu’ils en sont restés aux mêmes analyses qu’il y a 20 ans.
C’est vrai que ces deux auteurs ont été de très bons disciples de Clouscard, appliquant ses découvertes conceptuelles dans différents domaines comme la musique (pour Pagani) ou la "négrologie" (pour De Negroni), mais ils n’ont visiblement pas su dépasser le cadre de la simple pensée matérialiste pour comprendre que, au-delà du simple rapport de classe, nos élites sont porteuses d’un projet messianique.
Clouscard restera certainement dans l’histoire le plus grand penseur français du XXe siècle. Sa force a été avant tout de démonter méthodiquement tous la pensée libérale-libertaire héritée des Lumières en utilisant leurs propres outils conceptuels ; on peut dire qu’il a su réduire à néant l’idéologie du système tout en restant dans ce système.
Mais il faut bien prendre conscience que, parallèlement aux études philosophico-marxistes du XIXe et XXe siècle qui ont permis d’aboutir à ce sommet qu’est la pensée clouscardienne, tout un courant de pensée catholique royaliste s’était mis en place avec l’abbé Barruel notamment. Cette école a été largement occultée par les philosophes du XXe siècle car leurs arguments faisant souvent la part belle à des propos perçus comme antisémites ou conspirationnistes.
En ce sens, on comprend que Soral puisse être perçu à la fois comme le meilleur et comme le pire des disciples de Clouscard. En effet, il a su à la fois prolonger son discours pour critiquer les arguments féministes par exemple, mais il a su aussi se pencher vers cette école de pensée traditionaliste et catholique pour établir la jonction des deux courants.
C’est ce qui fait la force de Soral : il ne se contente pas de critiquer un homme comme Cohn-bendit pour son côté libéral-libertaire, il montre également qu’il est animé par un projet satanique et destructeur lié à une idéologie qu’on retrouve chez toutes les élites actuelles.
Ce que Pagani et De Negroni doivent comprendre c’est que Clouscard mène à Soral (ou Hillard, ou Sigaut, ou Laïbi, ou Jovanovic, etc.). Il leur manque cette analyse spirituelle qui est en fait parfaitement complémentaire de l’analyse historico-matérialiste de Clouscard et de leurs maîtres à penser.
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