Les déclarations du Premier ministre britannique de dérouler le tapis rouge pour attirer les entrepreneurs français, et plus récemment la demande de nationalité belge du milliardaire français Bernard Arnault, témoignent d’antagonismes fiscaux entre les différents pays européens qui se disputent les meilleurs contribuables.
Mais ces comportements pourraient déboucher sur une baisse générale du niveau de vie dans l’UE, estime Jacques Attali dans Slate, car dans une Europe unie, ce qui impacte négativement l’un impacte les autres de la même manière.
"Il faut sortir de cette logique individualiste, et accélérer l’intégration européenne avec la création d’un passeport européen et d’une véritable nationalité européenne", préconise-t-il. Cette étape permettrait de corriger une aberration unique au monde : un parlement européen dont les députés sont élus par des citoyens de nationalités différentes.
Des prémisses de ce passeport européen existent déjà dans plusieurs domaines techniques, comme ceux qui permettent d’harmoniser les compétences et les diplômes, par exemple. En outre, les citoyens des pays membres de l’UE sont déjà habitués à voir le sigle de l’UE sur leurs passeports actuels, et ils sont déjà autorisés à voter pour les élections locales dans leur pays de résidence quand celui-ci n’est pas leur pays national.
Politiquement, la notion de nationalité européenne est donc déjà amorcée, et il faut maintenant passer à l’étape suivante, avec la création d’une véritable nationalité européenne qui serait attribuée à la naissance sans démarche particulière. Elle permettrait à tout citoyen de s’installer où bon lui semble dans le reste de l’Union.
Le « passeport européen » lui permettrait de voyager et ferait office de carte d’identité dans le pays choisi. Il confèrerait un droit de vote pour les élections législatives et présidentielles à son détenteur, qui pourrait être lui être attribué après qu’il aurait séjourné dix ans dans son pays de résidence et à condition de ne pas voter dans un autre Etat de l’UE. Il ne serait pas exclusif avec le sentiment national et la plupart des citoyens continueraient de résider et de voter dans leur pays de naissance.
Au-delà du droit de choisir les dirigeants de leur pays, les détenteurs du passeport européen pourraient aussi voter pour les dirigeants européens, et ils pourraient même bénéficier de régimes fiscaux unifiés quelque soit leur pays de résidence. Enfin, cette nationalité européenne serait automatiquement transmissible des citoyens à leurs enfants.