L’Iran met sa menace à exécution et annonce qu’il cessera de vendre du pétrole aux compagnies pétrolières françaises et britanniques.
Cette mesure de riposte à l’embargo graduel décrété par l’Union européenne sur le pétrole iranien a été transmise parle porte-parole du ministère iranien du Pétrole, Alireza Nikzad, cité par le site officiel du ministère.
Deuxième pays de l’OPEP, l’Iran produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour et en exporte 2,5 millions.
Il vend un peu plus de 20 % de son pétrole aux pays de l’Union européenne (soit environ 600 000 barils/jour), essentiellement à l’Italie, à l’Espagne et à la Grèce. Téhéran exporte 70 % de son pétrole vers les pays d’Asie.
L’Iran a annoncé mercredi qu’il allait revoir à la baisse ses ventes de pétrole aux pays européens, sans les interrompre « pour l’instant ».
Rupture de ton
Pourtant, l’avant-veille, l’heure était plutôt à l’optimisme.
La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, et son homologue européenne, Catherine Ashton, avaient parlé d’une même voix vendredi pour saluer un courrier adressé par l’Iran. Daté du jour de la Saint-Valentin, Téhéran s’y disait prêt à reprendre les pourparlers sur son programme nucléaire.
La lettre en question, signée par le négociateur en chef iranien sur le dossier nucléaire, Saeed Jalili, a été remise mercredi à la porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne. Il s’agissait d’une réponse au courrier que l’interlocutrice de l’Iran auprès du groupe des 5+1 avait elle-même envoyé à l’automne.
Le groupe des 5+1 désigne les six puissances qui négocient avec l’Iran au sujet de son programme nucléaire. Il s’agit des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU - États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne - auxquels s’ajoute l’Allemagne.
Catherine Ashton avait pris la plume en octobre dernier pour enjoindre Téhéran à reprendre les négociations, au point mort depuis janvier 2011, en engageant « des discussions sur le fond ». Discussions que les Iraniens semblent disposer à entamer « au plus vite », écrivait Saeed Jalili, qui évoque de « nouvelles initiatives » en posant une condition : « le respect du droit de l’Iran à un usage pacifique de l’énergie nucléaire ».
Une nouvelle délégation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit retourner en Iran les 20 et 21 février pour lever les ambiguïtés et répondre aux questions sur « une possible dimension militaire » des activités nucléaires de Téhéran.
Hasard ou coïncidence, le courrier iranien est parvenu à Catherine Ashton le jour même où le président Mahmoud Ahmadinejad passait à la télévision d’État pour annoncer les progrès majeurs du programme nucléaire de la République islamique.