Le soleil finit enfin par prendre le dessus et avec lui, comme chaque année, nous retrouvons le lot de chimie indispensable à notre été : les antimoustiques et les crèmes solaires.
Les antimoustiques
Au cours des 50 dernières années, plus de 8 milliards de doses d’antimoustiques en tous genres ont été appliquées. Avec 200 millions de personnes qui les utilisent chaque année, les répulsifs antimoustiques méritent qu’on s’attarde sur leurs conséquences.
Les spirales et les prises murales avec plaquettes
Leurs principes actifs majoritaires sont des dérivés pyréthrinoïdes, ce sont des analogues de synthèse de la pyréthrine, principe actif insecticide de la plante pyrèthre de Dalmatie. On les reconnaît sur l’étiquette par leur terminaison en « thrine » : perméthrine, cyfluthrine, esbiothrine, dalléthrine, tétraméthrine, transfluthrine…
Deux d’entre elles ont particulièrement été étudiées. La d-alléthrine et l’esbiothrine sont des substances neurotoxiques : selon un rapport d’avril 2010 de l’AFSSET (L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail), chez l’animal comme chez l’homme, pour des expositions aiguës, sont observés des tremblements et des troubles du comportement (agressivité, irritabilité, prostration). Cette même exposition a des effets irritants sur les voies respiratoires.
D’autres effets (perturbateur hormonal et cancérigène) auraient été avancés par des recherches sans être confirmés [1].
Réputée acceptable pour l’homme aux doses recommandées par les fabricants (environ 20 grammes de produits actifs par hectare), la toxicité de ces substances en exposition aiguë nous interroge sur leur utilisation quotidienne pendant deux ou trois mois l’été. Ainsi, le Haut Conseil de la santé publique recommande d’utiliser les spirales à « l’extérieur ou dans une pièce aérée » alors que l’Organisation mondiale de la santé indique qu’elles peuvent être utilisées dans les chambres la nuit... Allez savoir !
Au niveau écologique, l’utilisation de ces produits chimiques est catastrophique : ils sont très nocifs pour les invertébrés aquatiques. En apiculture, les pyréthrinoïdes de synthèse perturbent le système nerveux des abeilles quand ils ne les tuent pas.
Les aérosols
Dans leur majorité, ils contiennent du DEET (en dosage allant de 10 à 30 %). Découvert en 1953, le diéthyl-3-méthylbenzamide est considéré comme la plus efficace des molécules antimoustiques.
En août 2009, une dizaine de scientifiques dont Vincent Corbel de Montpellier met en évidence l’inhibition de l’acétylcholinestérase du système nerveux central des insectes et mammifères par le DEET [2]. Ils expliquent que cette action est de courte durée (quelques minutes au maximum), que l’effet inhibiteur chez l’homme n’est pas confirmé pour de très faibles doses et que des analyses plus poussées doivent être effectuées pour évaluer les risques réels : rien de supplémentaire n’est sorti depuis.
Ces études ont tout de même conduit les fabricants à rajouter des précautions d’utilisation sur leurs produits et certaines mentions sont aujourd’hui obligatoires : « Très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique », « Utiliser avec précaution chez la femme enceinte et l’enfant de moins de 3 ans à concentration de 10 % au maximum », « Ne pas utiliser dans un espace confiné », « Conserver à l’écart des aliments et des boissons, y compris ceux des animaux », « Le produit peut être nuisible aux abeilles » [3].
Pour la dimension économique, il y a quatre leaders sur le marché : PYREL®, RAID® et BAYGON® appartiennent au même géant américain S. C. JOHNSON ; le dernier, CATCH® appartient à EAU ÉCARLATE®, dont les banques et assurances AXA sont devenues les propriétaires en 2005.
Des solutions ?
Inutile de se leurrer, les antimoustiques industriels sont d’une efficacité redoutable et aucune solution « naturelle » ne pourra concurrencer « 60 nuits sans moustique » en une fiole de 10 ml !
Il reste quand même des solutions préventives : utiliser la moustiquaire et les tapettes, éviter d’allumer la lumière les fenêtres ouvertes, supprimer les points d’eau stagnante, etc.
Et bien sûr l’huile essentielle de citronnelle sur aubonsens.fr qui est un insectifuge puissant mais de courte durée (quelques heures seulement). Diluée dans une huile végétale et appliquée à même la peau, elle permettra au moins de passer une soirée dehors sans se faire harceler. En début de nuit, une goutte déposée sur les draps ou sur le rebord de la fenêtre peut également s’avérer utile.
Remarque : il est évident que dans les régions où les moustiques transmettent le paludisme ou la dengue, les antimoustiques chimiques peuvent être un moindre mal.
Les crèmes solaires
Comme pour les antimoustiques, la question est de taille puisque 15 millions de tubes de crème solaire sont vendus chaque année en France !
Selon la législation commerciale française, les crèmes solaires entrent dans la catégorie des cosmétiques [4] et n’ont pas besoin d’autorisation de mise sur le marché. Elles contiennent dans leur immense majorité des parabens, des PEG, de l’EDTA, des dérivés d’aluminium, des tensioactifs, du phénoxyéthanol et autres réjouissances dont les effets toxiques ont été avancés ces 10 dernières années.
Les filtres chimiques
Pour les crèmes solaires, la singularité vient surtout des filtres chimiques : les filtres UVA et UVB. Dans le domaine, une étude de 2001 (republiée en 2004) fait référence : Margaret SCHLUMPF et son équipe de Zurich explorent sur des rats la toxicité de cinq filtres chimiques présents dans les crèmes solaires. Les résultats sont sans appel sur les animaux et leurs progénitures : les filtres passent dans la circulation sanguine et dans le lait maternel ; par leur ressemblance chimique avec les hormones, ils interagissent avec elles, en inhibant ou amplifiant leur action : c’est la définition d’un « perturbateur endocrinien ». Le rapport note des troubles de l’appareil reproducteur, une hypertrophie ou hypotrophie des organes sexuels, et l’avancement ou le retard de la puberté.
L’action des filtres solaires chimiques sur l’environnement est également désastreuse : perturbations hormonales des poissons [5], blanchiment et mort des récifs coralliens par filtrage UV avec pour conséquence un déséquilibre aquatique global (presque 30 % de nos doses de crème solaire se retrouvent dans les eaux de baignade).
Suite à la sortie de ces résultats, l’un des UVB le plus remis en cause, le 4-méthylbenzylidene camphor (4-MBC) a été interdit en 2011 en France par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) après avoir tergiversé avec le CSSC, Comité scientifique européen pour les sécurité des consommateurs, pendant une décennie [6] !
Les quatre autres filtres concernés, dont l’octocrylène, sont cités dans des rapports officiels [7] et même dans les médias grand public [8] mais restent autorisés et seront présents cet été encore dans des crèmes solaires adaptées aux enfants. À croire qu’un secteur qui représente plus de 200 millions d’euros annuels de chiffre d’affaires et dont la famille Bettencourt est l’actionnaire principal (30,9 %) du leader L’Oréal représente un lobby qui ne s’encombre pas d’études sanitaires.
Pourquoi bronzer ?
La mode de l’exposition au soleil pour le bronzage est une aberration occidentale relativement récente : jusqu’au milieu du XXème siècle, la peau tannée est synonyme de labeur sous le soleil et est donc plutôt réservée aux paysans, travailleurs, petites gens. L’aristocratie tenait au contraire à la clarté de sa peau : on prend des bains de lait, on se badigeonne de poudre de riz, personne ne sort sans son ombrelle.
C’est la révolution industrielle qui changera la donne en Europe : alors que les travailleurs des classes ordinaires (majoritairement paysannes) sont à l’extérieur jusque-là, les ouvriers entrent dans les usines et leur teint reste clair. Pour s’en différencier, on met à la mode le tourisme balnéaire, les sports de plein air (ski, nautisme) et avec eux le dangereux bronzage qui est encore de nos jours synonyme de santé, de sensualité et de réussite sociale.
Rappelons que les secrets d’un bon teint ne sont justement pas très secrets et découlent de l’hygiène de vie au quotidien : une alimentation équilibrée en évitant les stupéfiants, un sommeil régulier de préférence nocturne, des promenades au grand air et une activité physique adaptée à son tempérament qu’aucun bronzage ou fond de teint ne saurait remplacer.
La seule solution économique, écologique et intelligente est le port de la chemise !
Plus l’exposition au soleil est importante, plus l’épiderme synthétise de la mélanine ; la peau devient plus bronzée et les rayons du soleil pénètrent moins facilement. Le bronzage est en fait une réaction de défense de la peau. La provoquer et la stimuler à outrance engendrera forcément dans un premier temps une destruction cellulaire (coups de soleil et vieillissement prématuré) puis des conséquences plus graves (lésions de l’ADN et mélanomes).
Les filtres minéraux des crèmes dites « bio » sont à la mode, mais entre dioxyde de titane et oxyde de zinc, l’inocuité des nanoparticules est loin d’être assurée.
Pour ceux qui ne peuvent pas se passer du bronzage, il est fortement conseillé d’utiliser des filtres UV en considérant qu’à court terme, les perturbations hormonales sont moins néfastes qu’un cancer de la peau.
Notons encore que les perturbateurs endocriniens (comme ceux des filtres UVA ou UVB) facilitent l’apparition des cancers hormono-dépendants (seins, prostate, testicules, ovaires) et que l’application de la crème solaire rassurera faussement l’utilisateur, qui s’exposera d’autant plus au soleil...
Le soleil est indispensable au bon fonctionnement de notre corps et une exposition quotidienne modérée été comme hiver favorise autant la synthèse de vitamine D que la bonne humeur et l’amour. Mais ne nous y exposons pas déraisonnablement. Ce principe de bon sens est particulièrement valable pour les enfants, pour qui chapeaux et vêtements sont indispensables, même après 16h, même une seule semaine par an, même s’ils sont natifs du sud...
Vous trouverez dans la vidéo ci-dessous la recette très simple du liniment oléocalcaire, lotion protectrice pour la peau qui apaise la brûlure du soleil.
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