On était ces derniers temps à parler de meurtres d’enfants commis par le réseau pédophile de Westminster, un réseau londonien VIP dans lequel on retrouvait plusieurs politiciens et qui était actif au moins dans les années 70 et 80. On a aussi appris que la police travaillait sur une liste de plus de 1 400 pédophiles, dont un nombre impressionnant de politiciens et de gens du show-biz. Des victimes tentent encore de se battre pour mettre à jour certains réseaux, et sans elles il ne se passerait strictement rien.
Mais la grande info qui est sortie fin mai, c’était cette liste de 1 433 pédophiles (tous des hommes) sur lesquels la police est en train d’enquêter, parmi lesquels 76 politiciens, 43 artistes du monde de la musique et 135 représentants de la télé, de la radio et du cinéma [1]. Cela, c’est le cru 2014 des personnes dénoncées par diverses victimes, dont quelques uns ont été condamnés, comme le présentateur Rolf Harris, l’ami de Savile Gary Glitter, ou d’autres pédophiles de la BBC. Mais, tous ont été jugés comme des prédateurs isolés alors qu’il est clair qu’ils s’organisaient à plusieurs.
Mais ce sont aussi des centaines d’établissements comme des écoles ou des hôpitaux qui se trouvent dans la ligne de mire : 154 écoles, 75 orphelinats, 40 institutions religieuses, 14 établissements médicaux (très prisés par Jimmy Savile notamment), 9 prisons et centres pour jeunes difficiles, mais aussi des établissements militaires.
Quant aux victimes, les enquêteurs de cette opération appelée « Operation Hydrant » estiment qu’elles pourraient être des dizaines de milliers, et ils appellent à ce que les victimes soient davantage prises en compte.
Car en effet, jusque-là, et comme c’est le cas chez nous et ailleurs, on fait tout pour masquer la réalité des abus sexuels sur les enfants, ce qui entraîne une véritable catastrophe de santé publique. Mais avec le scandale de Jimmy Savile qui a éclaté en 2012, et son millier de victimes probable, les victimes se sont mises à parler, enfin, de ces réseaux qui les ont détruits. Jusque-là, leurs témoignages n’étaient pas pris au sérieux, et quand ils l’étaient les enquêtes étaient stoppées dès qu’on remontait à des VIP. Depuis 2012, les dénonciations d’abus sexuels sur des mineurs ont augmenté de 71 %, 116 000 dans l’année [2], dont la moitié concernaient des abus survenus dans le passé.
Du coup, les anglais commencent à considérer qu’il s’agit d’un problème de santé publique.
On a reparlé de ce garçon d’une dizaine d’années mort écrasé par une voiture, de manière intentionnelle, et d’un autre qui a été étranglé par un député. Cela, c’est une ancienne victime surnommée « Nick » qui l’a dit à la police et aussi aux médias, il y a déjà quelques mois.
Le réseau en question organisait souvent des partouzes dans de luxueux appartements d’un complexe appelé Dolphin Square, à Londres. Selon la police, les accusations au sujet de ce gang sont sérieuses et elle est en train de faire des recoupements avec des disparitions de mineurs dans le secteurs à cette époque.
Le politicien inconnu qui dit que c’est pas lui
Le 26 mai, un article relatait le témoignage d’une femme qui a levé son anonymat pour parler d’un gros réseau pédophile très probablement lié au réseau de Westminster. Esther Baker a dénoncé ce réseau, dont faisaient partie des gens puissants, à Cannock Chase, à 20 km au nord de Birmingham.
Esther Baker dénonce un politicien en particulier, qui violait régulièrement des mineures pendant que des flics montaient la garde (mais ils participaient aussi). La jeune femme a identifié plusieurs de ses abuseurs auprès de la police, au cours de 33 heures d’audition au total. « J’ai parlé parce que j’espère que d’autres victimes suivront », a-t-elle dit au Guardian. « Je sais ce que c’est que d’être la première à venir parler de cela, cela fait peur mais je me sens encore plus forcée de m’exposer pour me protéger. »
La jeune femme de 32 ans a déclaré que ce politicien avait commencé à la violer quand elle avait environ 6 ans,et cela a duré au moins jusqu’à ses 11 ans. Apparemment, ce politicien est toujours en vie (c’est une chance car ils ont tendance à passer l’arme à gauche assez vote après avoir été exposés dans les médias, comme ce fut le cas de Leon Brittan ou Lord McAlpine), et il serait même toujours actif en politique.