Mandaté par l’exécutif après les attentats de janvier pour la rédaction d’un rapport sur le djihadisme chez les jeunes Français, l’ancien président de SOS Racisme pointe du doigt Alain Soral et Dieudonné comme participants d’un phénomène de radicalisation menant au djihadisme.
Dans ce rapport remis à Manuel Valls début juillet et intitulé « Génération radicale », on peut lire en introduction :
« Par décret du 26 février 2015, le Premier ministre a nommé M. Malek Boutih, député de l’Essonne, parlementaire en mission auprès du ministre de l’Intérieur, et l’a chargé d’une réflexion sur l’analyse et la prévention des phénomènes de radicalisation et du djihadisme en particulier. Le présent rapport restitue les travaux de cette mission. »
Le djihadisme serait donc le sujet du rapport. Pourtant, Malek Boutih écrit :
« S’il faut s’inquiéter de ces phénomènes plutôt que de les mettre sur le compte d’une rébellion adolescente passagère, c’est d’une part à cause du public qu’ils touchent : des jeunes issus des milieux défavorisés, des ZEP et lycées professionnels, mais aussi de plus en plus d’étudiants, même au niveau de la licence, et d’autre part parce qu’ils font écho aux thèses de Dieudonné et de Soral qui professent qu’une oligarchie financiaro-américano-israélienne (“l’empire”) dirige le monde. »
Pour Malek Boutih, Alain Soral et Dieudonné seraient donc les fourriers du djihadisme. Une accusation grave, d’autant qu’il s’agit d’une inversion accusatoire flagrante. Malek Boutih, pilier de l’antiracisme institutionnel et bras droit de Julien Dray au sein d’SOS Racisme, dont il fut en effet le président jusqu’en 2003, n’a-t-il pas favorisé le communautarisme et la détestation de la France par de jeunes musulmans déjà fragilisés sur le plan identitaire ? Ayant identifié les conséquences de ce racisme antifrançais, Alain Soral et Dieudonné ont prôné depuis plus de dix ans une réconciliation nationale entre tous les Français, quels qu’ils soient.
Bien que sans fondement intellectuel, cette diffamation pure et simple semble vouée à se généraliser. En effet, cette accusation avait déjà été formulé de façon plus nette par Jonathan Ayoun, alors président de l’UEJF – association pour laquelle Malek Boutih a signé Les Antifeujs, le livre blanc des violences antisémites en France depuis septembre 2000 (Calmann-Lévy, 2002) – sur LCI, le 19 octobre 2012 :
« C’était notamment en allant sur Twitter, c’était notamment en allant sur des comptes de personnalités, telles que Alain Soral ou Dieudonné, qu’ils [une cellule terroriste islamiste] ont puisé leur haine. »
Validée par un rapport gouvernemental, cette analyse fallacieuse ne tombe pas sous le coup de la loi comme une diffamation. En effet, Jonathan Ayoun, a été relaxé début juillet pour cette sortie, la justice ayant considéré qu’il ne s’agit que d’une « opinion non démontrable » qui ne peut être condamnée. Le rapport Boutih et la jurisprudence Ayoun annoncent la généralisation sans limite des diffamations contre Alain Soral et Dieudonné.