Le dirigeant du parti d’extrême droite Alexander Gauland a utilisé dans une tribune une rhétorique comparable à un discours d’Adolf Hitler datant de 1933.
Alexander Gauland, coprésident du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), s’est-il inspiré d’un discours d’Adolf Hitler pour écrire la tribune qu’il a récemment proposée à la Frankfurter Allgemeine Zeitung et que le grand quotidien conservateur a publiée dans son édition du samedi 6 octobre ? Dans ce texte, intitulé Pourquoi faut-il du populisme ?, M. Gauland écrit notamment ceci :
« Cette classe mondialisée siège dans les grandes entreprises présentes à l’international, dans des organisations comme les Nations unies, dans les médias, dans les start-up, les universités, les ONG, les fondations, les partis et leurs appareils, et parce qu’elle contrôle l’information, elle donne le “la” sur le plan politique et culturel. Ses membres vivent presque sans exception dans de grandes villes, parlent couramment anglais, et parce qu’ils passent d’un job à un autre entre Berlin, Londres et Singapour, fréquentent partout les mêmes appartements, les mêmes maisons, les mêmes restaurants, les mêmes magasins et les mêmes écoles privées. Ce milieu est socialement homogène mais culturellement divers. La conséquence est que le lien entre cette nouvelle élite et sa terre d’origine est faible. Ces gens-là se sentent comme des citoyens du monde vivant dans une société parallèle. La pluie qui tombe sur leurs terres d’origine ne les mouille pas. Ils rêvent d’un monde unique ou d’une république mondiale. (…) Face à cette classe mondialisée se dressent deux groupes hétérogènes qui ont formé une alliance au sein de l’AfD. D’un côté, une classe moyenne à laquelle appartient aussi notre tissu de PME, qui ne peut pas facilement délocaliser ses usines en Inde, pour y produire à bas coût. De l’autre, des citoyens lambda dont les jobs sont payés au lance-pierre ou n’existent tout simplement plus, qui ont durement travaillé toute leur vie et qui n’ont plus qu’une misérable retraite pour vivre. Ce sont ces gens pour qui la terre d’origine représente encore une valeur et qui sont les premiers à s’en voir dépossédés face à l’afflux des immigrés. Eux ne peuvent tout simplement pas partir et jouer au golf ailleurs. »
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Dans ce discours prononcé dans une usine Siemens de Berlin le 10 novembre 1933, soit neuf mois après sa nomination à la chancellerie, le chef du parti nazi accusait en ces termes une « petite clique internationale et déracinée » de trahir les intérêts des « travailleurs allemands » :
« C’est une petite clique internationale déracinée qui attise la haine entre les peuples et qui ne veut pas qu’ils vivent tranquillement. Ce sont des gens qui sont chez eux partout et nulle part, qui vivent aujourd’hui à Berlin, qui pourraient vivre demain à Bruxelles, après-demain à Paris, puis à Prague, Vienne ou Londres, et qui se sentent partout chez eux. Ces gens-là sont les seuls à être des éléments internationaux car ils peuvent mener leurs activités partout, à la différence du peuple qui ne peut les suivre, car le peuple, lui, est enchaîné à son sol, à sa terre d’origine, il est dépendant de ce que peut lui offrir son État, sa nation. Le peuple ne peut pas suivre. Le paysan est attaché à sa terre. Le travailleur est lié à son usine. Quand ça va mal, où peut-il trouver mieux ? »
Interrogé par le quotidien berlinois Der Tagesspiegel, M. Gauland s’est défendu de s’être inspiré de ce discours de Hitler de près ou de loin. « Je ne connais aucun passage d’Adolf Hitler faisant écho [à ce que j’ai écrit] », a assuré le coprésident de l’AfD.