L’ Algérie a décidé d’envoyer près de 8 000 soldats à la frontière tunisienne pour une opération anti-terroriste de grande envergure. Du côté de la Tunisie ils seront presque 6 000 à joindre leurs forces aux algériens.
C’est une décision qui s’inscrit dans la collaboration militaire étroite qui existe entre l’Algérie et la Tunisie. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a ordonné le déploiement de près de 8 000 soldats à la frontière avec le Tunisie pour venir en aide aux soldats tunisiens qui seront désormais au nombre de 6 000. Il s’agit pour les deux pays de mettre en place et de mener une très vaste opération anti-terroriste afin de se débarrasser des groupuscules qui se sont installés dans la région. Selon plusieurs sources, les opérations se concentreront sur Kasserine, les vallées de Biskra et Tebessa mais également sur les frontières avec la Libye qui reste une zone très sensible d’où transitent les mouvements terroristes et les armes.
Cette décision intervient un mois après plusieurs réunions qui ont mené à un accord entre les deux pays afin de mettre en place une coopération renforcée notamment en ce qui concerne le terrorisme qui sévit de manière récurrente dans les régions concernées. Il y a quelques jours, la Tunisie a été frappée par une attaque qui a provoqué la mort de 15 soldats, presque un an jour pour jour après un attentat qui avait profondément marqué les habitants de la région et durant lequel, plusieurs hommes de l’armée avait péri dans des conditions particulièrement dures. Hier encore, deux soldats ont perdu la vie, pris pour cible selon les autorités, par des terroristes.
Il y a plusieurs semaines c’est le ministre de l’Intérieur qui avait directement été visé par une attaque terroriste, revendiquée par al-Qaïda. Quatre policiers avaient perdu la vie et une autre personne a été blessée. Cet attentat avait eu lieu contre la maison du ministre, Lotfi Ben Jeddou, à Kasserine, qui réside traditionnellement à Tunis pour des raisons pratiques, mais dont la famille, à commencer par sa femme et ses enfants, y vit. L’attaque avait été très violente puisque les terroristes étaient cagoulés dans un pick-up et ont débarqué devant la résidence avant de tirer avec une arme de guerre.
Une zone devenue un sanctuaire terroriste
La zone frontalière avec l’ Algérie reste un lieu particulièrement sensible notamment en raison de la présence de dizaines hommes qui sont cachés dans le maquis et qui ont pour objectif de déstabiliser les forces de sécurité. Depuis la chute de Ben Ali il y a trois ans, la zone est sous tension et l’armée lutte contre les groupes terroristes. Bombardements, opérations terrestres, interventions régulières, jusqu’à maintenant les forces tunisiennes n’ont pas réussi à déloger les djihadistes.
De l’autre côté de la frontière, l’armée algérienne lutte aussi contre les hommes armés présents dans la zone mais pour le moment ils sont toujours là. Il faut dire que les terroristes ont méthodiquement miné toute la zone montagneuse afin de se protéger. Si l’État a prévenu qu’il faudra du temps pour réduire à néant le risque terroriste dans la région, l’impatience commence à poindre, notamment chez les habitants de la région.
Alors que la situation est en train de se dégrader en Libye voisine, la Tunisie et l’ Algérie ont bien l’intention de ne pas laisser les terroristes affluer sur leurs territoires et étendre leurs attaques. Cette opération conjointe qui devrait débuter sous peu n’a en revanche pas de durée définie. Il est possible qu’elle s’étale sur plusieurs semaines voire plusieurs mois.