Charles BUKOWSKI (lettre à Henry Miller, 16 août 1965. Extrait) :
« Bref, il m’a donné un exemplaire du livre de Céline.- Comment ça s’appelle ? - Voyage au bout de la nuit. Maintenant écoutez, la plupart des écrivains me rendent malade. Leurs mots ne touchent même pas le papier. Mais Céline, il m’a donné honte du pauvre écrivain que je suis, j’ai eu envie de tout jeter par la fenêtre. Un foutu maître chuchotant dans ma tête. Dieu, l’impression d’être redevenu un petit garçon. Tout ouïe. Entre Céline et Dostoïevski il n’y a rien, si ce n’est Henry Miller. Enfin, passé le vertige qui m’a saisi en découvrant combien j’étais insignifiant, j’ai repris la lecture, et je me suis laissé mener par la main, volontiers. Céline était un philosophe qui savait que la philosophie était vaine ; un queutard qui savait que la baise était du vent ; Céline était un ange, il a craché dans les yeux des anges et puis il est descendu dans la rue. Céline savait tout ; je veux dire autant qu’il y a à savoir quand on a deux bras, deux pieds, une bite, quelques années à vivre ou moins que ça, mais avant toute chose, bien sûr, il avait une bite. Vous saviez ça, il n’écrivait pas comme [Jean] Genet, qui écrit très très bien, qui écrit trop bien, qui écrit si bien qu’il vous fait piquer du nez. »
Stéphane GUILLON (Le Parisien, 6 octobre 2017) :
« Malgré plusieurs tentatives, je n’ai jamais pu finir Voyage au bout de la nuit ni aucun de ses autres livres. La noirceur de cet écrivain ne me pose aucun problème, mais sa prose, si. On dit que les gens qui n’aiment pas Céline aiment Proust. C’est mon cas. »
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