Ce n’est pas en freinant par tous les moyens le processus de destruction d’un modèle condamné qu’on évitera sa disparition. Au contraire. Si la presse ne veut pas se transformer en haut fourneau abandonné, elle doit se réinventer.
À quoi servent les milliards d’euros dépensés par l’État pour soutenir la presse écrite ? A rien ou presque. C’est en substance la conclusion du rapport de la Cour des comptes rendu public le 12 février sur les aides publiques diverses et variées à la presse écrite.
Le document est titré : « Une occasion de réforme manquée » [PDF]. Il est presque passé inaperçu. Les médias en France ont des réflexes corporatistes bien ancrés. La presse écrite est malade, elle est tenue à bout de bras à coups de milliards d’euros d’argent public, mais mieux vaut ne pas trop en parler. Surtout quand dans le même temps l’État cherche désespérément à réduire ses dépenses.
Pas touche donc aux 5 milliards d’euros distribués entre 2009 et 2011 selon l’estimation de la Cour des comptes. « Dicté par l’urgence, ce plan n’a pas obtenu les effets escomptés, ni permis de corriger les faiblesses de la politique d’aide à la presse qui se caractérise par un système de “guichet”... », écrit la juridiction.
Par exemplaire diffusé, les aides se montent à 48 centimes pour L’Humanité, 29 centimes pour Télérama ou Le Nouvel Observateur, 27 centimes pour Libération, 23 centimes pour L’Express, 19 centimes pour Le Monde, 17 centimes pour Le Figaro, 16 centimes pour Les Échos et même 15 centimes pour Elle et 10 centimes pour Télé 7 jours ! Et France Soir avant sa mort avait battu un record avec 50 centimes d’aide par numéro.
Et tout cela, sans compter avec des aides indirectes comme, par exemple, les achats massifs de quotidiens nationaux par Air France. Ils représentaient en 2011, selon l’OJD, 14% des ventes de Libération, 12,5% de celles des Échos, 11,7% de celles du Monde et 10,2% de celles du Figaro.
Des aides inefficaces, coûteuses et qui ont des effets pervers
Pas étonnant donc si la presse écrite en France est la plus aidée en Europe... avec pourtant une diffusion parmi les plus faibles.
Lire la suite de l’article sur slate.fr