Le 22 juin dernier, le président Barack Obama, a annoncé le retrait d’Afghanistan de près de 33.000 soldats américains avant l’été 2012, soit l’équivalent des renforts envoyés après le changement de stratégie qu’il avait dévoilé devant les cadets de l’école militaire de West Point en décembre 2009.
Selon les plans du Pentagone avalisés par le locataire de la Maison Blanche, ce début de retrait des forces américaines est prudent, afin de ne pas perdre le bénéfice des fragiles progrès enregistrés sur le terrain alors que les insurgés ont lancé leur offensive de printemps. Ainsi, dès cet été, 800 gardes nationaux rentreront aux Etats-Unis. Ils seront suivis par 800 marines au début de l’automne. Par la suite, 8.400 GI’s prendront le même chemin avant la fin de l’année. Cela étant, l’état-major américain aurait sans doute souhaiter disposer du même niveau de forces opérationnelles pour s’attaquer aux infiltrations rebelles dans l’est afghan.
Suite à l’annonce de la Maison Blanche, Paris a emboîté le pas et fait savoir que « plusieurs centaines » de militaires français quitteront l’Afghanistan d’ici à la fin de l’année. Pour cela, la France compte sur le transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes dans le district de Surobi et rationaliser sa participation au dispositif OMLT (operational Mentoring Liaison Team), mis en place pour la formation de l’armée afghane. Une équipe d’instructeurs pourrait être ainsi disparaître.
Le Royaume-Uni, second contributeur de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), va ramener le niveau des effectifs de ses troupes à 9.000 hommes d’ici la fin 2012. « J’ai déjà dit que nous retirerons 426 militaires d’ici à février 2012 et aujourd’hui, j’annonce que la Grande-Bretagne sera en mesure de diminuer d’un demi-millier de soldats ses effectifs pour les amener à 9.000 d’ici à la fin de l’année prochaine », a déclaré le Premier ministre britannique, David Cameron, devant la Chambre des communes, le 6 juillet.
Pour l’Allemagne, qui fournit le 3e contingent de l’ISAF (4.800 hommes), il est question de retirer 500 soldats avant la fin de l’année. Ce projet a été dévoilé par le général Volker Wieker, l’inspecteur-général de la Bundeswehr (équivalent de chef d’état-major), au cours d’un entretien accordé à la radio Deutschlandfunk. Cela correspond aux renforts allemands envoyés dans le nord de l’Afghanistan en 2010. Toutefois, l’officier a précisé que le nombre de militaires concernés dépendara de « l’ampleur du retrait » américain dans la zone de responsabilité allemande.
En Italie, rien d’officiel n’a été annoncé. Cela étant, en octobre 2010, Rome avait fait part de son intention de retirer partiellement ses troupes d’Afghanistan, « en coordination avec ses alliés » en octobre 2010. « C’est un calendrier qui doit encore être approuvé : l’été 2011 pour le début d’un retrait progressif des soldats, avec l’objectif d’un retrait final d’ici à 2014″, avait déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, au quotidien La Repubblica. Plus généralement, l’Italie envisage de réduire progressivement sa participation militaire à l’ensemble des opérations internationales en cours, cela pour des raisons économiques et sous la pression de la « Ligue du Nord ». Il s’agit, pour le gouvernement italien, de trouver 47 milliards d’euros d’économies d’ici 2014 pour éviter un scénario à la grecque.
L’on retrouve le même souci en Belgique. Ainsi, Bruxelles compte revoir les modalités de la participation de ses forces aux opérations internationales et compte économiser 25 millions d’euros. Les troupes belges actuellement déployées en Afghanistan seront donc réduites de moitié dans le courant de l’année 2012. Ce retrait concernera surtout le contingent qui assure la protection de l’aéroport de Kaboul (325 hommes). La contribution à la formation des forces afghanes (Kunduz) et les F-16 engagés depuis Kandahar ne sont pas concernés.
Le contingent espagnol présent en Afghanistan (1.500 militaires) sera réduit progressivement, selon un calendrier fixé par le Premier ministre José Luis Zapatero. Ainsi, 10% des effectifs devraient être rapatriés au cours du premier semestre 2011, puis 40% en 2013 et le reste en 2014. Bien évidemment, cela dépendra de l’évolution sur le terrain.
Deux pays ont mis fin à leur mission de combat en Afghanistan pour se concentrer, avec des effectifs réduits, à la formation des forces afghanes. C’est le cas des Pays-Bas, depuis le 1er août 2010 et celui du Canada, qui vient de remplacer 3.000 combattants déployés à Kandahar par 950 instructeurs. La Pologne envisage d’en faire de même.
Enfin, l’Australie, par la voix de son Premier ministre, Julia Gillard, ne réduira pas les effectifs de ses troupes (1.500 hommes), déployées dans le sud afghan. « Le chef des forces armées vient de me confirmer que ces 1.500 membres de l’armée australienne doivent s’acquitter de leur mission dans la province de l’Uruzgan », a-t-elle déclaré le 23 juin. « Par rapport à ce qui a été annoncé par les Etats-Unis, notre travail (…) va se poursuivre de la même façon », a-t-elle ajouté.