Le temps s’annonce orageux pour Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé. Les révélations autour de l’affaire Bygmalion s’enchaînent et les acteurs du dossier semblent bien décider à ne pas plonger pour protéger les chefs.
Lorsqu’il avait admis devant les caméras de BFM TV avoir truqué les comptes de campagne pour dissimuler 11 millions d’euros (on parle maintenant de 17 millions d’euros), Jérôme Lavrilleux avait insisté avec plus ou moins de conviction sur le fait que ni Jean-François Copé, alors patron de l’UMP, ni Nicolas Sarkozy n’étaient au courant de la manipulation.
Sauf que les seconds couteaux du parti français n’ont pas nécessairement envie de porter l’entière responsabilité de la fraude. Selon Le Monde, Jérôme Lavrilleux, placé en garde à vue mardi matin, serait bien décidé à coopérer avec les enquêteurs et à lister nominativement les personnes impliquées. La liste potentielle, dressée par le quotidien, exclut Copé et Sarkozy, mais c’est un autre cadre de l’UMP qui pourrait les impliquer.
D’après les informations du Figaro, l’ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert, a dévoilé dans une lettre adressée au parquet un SMS qui pourrait s’avérer compromettant. Le message qui lui a été envoyé par Jérôme Lavrilleux (alors son adjoint) à la veille d’un meeting de Nicolas Sarkozy à Clermont-Ferrand, le 28 avril 2012 :
Jean-François ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière. Louer et équiper la deuxième halle est une question de coût. Nous n’avons plus d’argent. JFC [Jean-François Copé] en a parlé au PR [président de la République].
Pour rappel, les frais de campagne sont plafonnés en France à 22,5 millions d’euros. L’UMP via la société Bygmalion – gérée par des proches de Jean-François Copé – aurait falsifié la comptabilité de ses meetings.
Selon les derniers décomptes, effectués notamment par Mediapart qui a eu accès à la comptabilité officieuse de Bygmalion (et en a publié le détail ici), le coût réel aurait été de 39 millions d’euros. À titre d’exemple, ledit meeting de Clermont-Ferrand aurait officiellement coûté 154 706 euros, en réalité 623 293 euros…