Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

Morceaux choisis par Arthur Sapaudia.

La Rédaction d’E&R

 


 

La démagogie couvre d’une rhétorique de philanthropie son mépris du peuple. (…)

Il y a dans la démagogie une affectation du débraillé. Le démagogue doit avant tout prouver qu’il n’est pas un aristocrate, un homme comme il faut : il doit se ruer vers l’infériorité, se tenir mal par calcul s’il ne se tenait pas mal par instinct. (…)

Le démagogue a la force horrible d’être l’interprète des inférieurs. Il faut bien que l’envie ait une voix ; il faut bien que la haine ait une voix ; il faut bien que tous les sentiments inavouables viennent s’avouer : voilà le rôle du démagogue. En vérité, sont art est double. Par moments, il fait appel à de grands principes, il parle de justice, il parle d’idéal ; mais il retourne bien vite à sa force, qui est d’être l’orateur des instincts et de révolter l’animal dans l’homme. Les démagogues peuvent détruire un pays quand les politiciens l’ont gâté. (…) (15 avril 1925)

Les démagogues ont pour punition leur succès. Les passions qu’ils ont excitées les dévorent. (…)

Les deux extrêmes qu’il faut également éviter : l’État liquéfié, c’est-à-dire la démagogie ; l’État pétrifié, c’est à-dire la réaction. L’un ne maintient même plus un ordre matériel, l’autre devient le maniaque d’un ordre formel ; l’un n’a même plus la notion de l’ordre, l’autre en montre la pédanterie. Le faux progrès nous mène à un abîme et le faux ordre à un désert. (…)

La peste des élections : c’est la discorde installée, l’épilepsie établie, des sillons régulièrement ouverts à toutes les mauvaises graines. (…)

Quel abaissement, quel dégoût dans ces petites villes de voir la souillure d’une vieille affiche électorale ! Toutes ces métaphores de la guerre contre les gens de leur pays. (…)

Idée bouffonne que l’électeur doit tout savoir. (…)

Les problèmes complexes : comment veut-on que l’électeur en connaisse ? Là où il n’y a pas connaissance il faut bien qu’il y ait passion. (…)

La superstition du nombre : nombre n’est que la rime d’ombre. (…)

Le suffrage universel. Le bien du peuple ne peut être assuré que par une autorité qui n’est pas directement émanée de lui, ni sujette à être révoquée par lui. Tous les maîtres qu’il se choisit tendent nécessairement à l’avilir. Ils ne peuvent se maintenir qu’en le satisfaisant dans ses réclamations les plus grossières, aux dépens de ses besoins les plus profonds, et en détruisant, sous prétexte d’améliorer son sort matériel, la civilisation même qui lui garde une âme, une dignité. (…)

Les administrations françaises sont des organes d’empêchement. (…)

Les fonctionnaires, au lieu de marquer l’entrée de l’État dans la nation, se retournent contre lui, ne sont plus que l’avant-garde des pillards qui le dépouillent : des politiciens jouisseurs flottent sur une multitude de fonctionnaires négligents. (…)

C’est un grand malheur pour un peuple ou une classe d’obtenir des droits avant d’en être digne. (…)

Analyse de l’esprit démocratique. On ne fait pas une doctrine en mettant une majuscule à quelques mots abstraits. Il n’y a de doctrine que lorsqu’on a dégagé un principe d’obligation. (…)

Double attrait de l’idéal démocratique : soulève les aspirations vagues, messianiques de l’individu : satisfait les bas instincts sous couleur d’idéal. (…)

La démocratie est le régime de l’autorité retournée vers le bas, de l’autorité sans visage, de l’autorité informe. Au lieu de monter en se rétrécissant vers des pointes où l’homme qui l’exerce, se trouvant de plus en plus isolé, se sent de plus en plus responsable, où il est aussi par son élévation même de plus en plus exposé aux idées sublimes, touché par le rayon des poètes, placé en comparaison avec les grands hommes qui sont les sommets sereins de l’histoire, elle s’enfonce au contraire de plus en plus dans l’impersonnel, l’irresponsable, le ténébreux. (…)

Force de la démocratie : elle n’a pas de visage. Les reproches ne se concentrent sur personne.

***

Faites un tour chez Sapaudia

 






Alerter

30 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
  • #3355063
    Le 26 avril à 06:19 par à chier
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    « Idée bouffonne que l’électeur » !

    J’adore !

    CHOUARD a raison : nous devons voter nos lois, non voter pour des représentants, en fait des mafieux qui détournent l’argent public !

     

    Répondre à ce message

    • #3355750
      Le 28 avril à 01:45 par Diabolo 777
      Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

      Tu as enfin découvert l’Amérique, alléluia !!!
      Non en fait en démo-crassie @française tu as le droit de voter entre la brute et le truand, en fait entre le gentil mafieux patriote et plus ou moins souverainiste et l’ignoble crapule euro mondialiste...

       
  • #3355073
    Le 26 avril à 06:41 par Sudiste
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    La France est le seul pays où la nation ait en permanence son gouvernement contre soi, le seul où une guerre sinistre et grotesque ait été déclarée à Dieu, le seul où l’ordre ne subsiste que par survivance, sans être jamais soutenu ni fortifié, le seul où l’enseignement officiel n’ait pas d’autre tâche que de détruire obstinément tout ce qu’il devrait conserver, et dérobe à la nation la connaissance de sa propre grandeur. La République est le seul régime où rien de sublime, ni seulement d’honnête, n’est donné en aliment à un peuple dont l’âme est à jeun ; c’est le seul régime qui, pressé de tous côtés par les choses, ne parle jamais un langage qui leur réponde, le seul où les problèmes les plus importants ne puissent pas être résolus, ni même posés, parce que l’intérêt du parti régnant entretient partout des fictions qui séparent la nation du réel. » Abel Bonnard

     

    Répondre à ce message

  • #3355113
    Le 26 avril à 08:46 par ducegabbana
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    Aux Européennes, je vote Abel Bonnard !

     

    Répondre à ce message

  • #3355140
    Le 26 avril à 09:46 par montjoie
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    La meilleure définition de ce qu’est (devrait être), la Politique !

     

    Répondre à ce message

  • #3355145
    Le 26 avril à 10:06 par cftc
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    L’ordre c’est la hiérarchie par opposition à l’égalitarisme qui fait naître le chaos.

    Ce serait politiquement et schématiquement la droite qui devrait promouvoir l’ordre. Seule la gauche fait son travail c’est-à-dire faire naître le chaos. Quant à la droite elle veut "arriver" avant d’être partie...ses préoccupations sont narcissiques.

     

    Répondre à ce message

  • #3355166
    Le 26 avril à 11:08 par Guillaume
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    Terriblement actuel.

     

    Répondre à ce message

  • #3355167
    Le 26 avril à 11:10 par Guillaume
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    J’adore Abel Bonard.

    Vous pourriez aussi chercher dans Paul Morand, il y a des trucs sympas aussi.

     

    Répondre à ce message

  • #3355199

    La démocratie est, paradoxalement, l’ennemie du peuple. La politique est l’œuvre du Diable—puisqu’il fait mentir au plus grand nombre pour se faire élire. :.
    Jongler avec les idées et les concepts est le plus sûr moyen de duper les masses et de les amener à l’abattoir sans les brusquer…

     

    Répondre à ce message

  • #3355261
    Le 26 avril à 15:18 par Ezra
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    Très bonne sélection de Sapaudia, surtout les deux dernières citations.

    Et excellent complément avec Ego Non, dont je conseille deux vidéos :
    - Arnold Gehlen, L’universalisme, ou le danger d’une morale hypertrophiée.
    - Edmund Burke, Les droits de l’Homme et la révolution universelle.

    Questionner l’Universalisme aidera les Français à reconsidérer la question de la Tradition. Tradition qui les rapprochera sur certains plans des Musulmans pour faire cause commune contre le Tikkun Olam de la femme à barbe.

     

    Répondre à ce message

  • #3355268
    Le 26 avril à 15:36 par Brunrouge
    Abel Bonnard : De la Démagogie et de la Démocratie

    Lire l’excellent livre :
    Abel Bonard, une aventure inachevé de Olivier Mathieu

     

    Répondre à ce message

Afficher les commentaires précédents