« Lamentable » : c’est par ce jugement sans nuance que The Economist a qualifié le « plan de sauvetage de la zone euro » dans son édition de début novembre. Il faut dire qu’il n’a fallu que quelques jours pour voir apparaître les failles de ce plan qui nous avait été vendu comme définitif.
Au-delà de la Grèce, le Portugal
Bien sûr, la sinistre tragi-comédie grecque a encore démontré que la gestion de la zone euro est impossible. Il est tout de même absolument incroyable que le vote d’un pays qui représente 2% du PIB de la zone euro menace l’équilibre entier de l’ensemble. Plus globalement, ces crises à répétition indiquent bien que des pays différents ne peuvent pas partager une même monnaie. Dès que l’économie est en crise, il est impossible de gérer les problèmes posés par l’euro.
Pire, on constate encore aujourd’hui que même si la Grèce ne se prononce pas sur les plans ou sur sa participation à l’euro, rien n’est réglé. Le Portugal pourrait bien entrer dans le même cercle vicieux qui a mené au défaut de moins en moins partiel d’Athènes. Et malgré deux restructurations en trois mois, il est probable que la Grèce ne soit pas sortie d’affaire car améliorer la trésorerie du pays sans redresser sa capacité à créer de la richesse est vain.
La bombe à retardement italienne
Mais la plus grosse faille dans l’édifice est sans nul doute l’Italie, malgré un déficit de seulement 4% car les taux longs italiens se sont envolés au-delà des niveaux atteints cet été, approchant du cap des 7% où le pays devra trouver d’autres moyens de se financer. Bien sûr, la BCE peut acheter les bons du trésor Italien pour soulager la pression des marchés, mais une telle solution n’est pas durable et risque de finir par énerver des Allemands qui n’y sont pas favorables.
En outre, l’annonce du passage du FESF à 1000 milliards ressemble aujourd’hui à un immense bluff. Angela Merkel a annoncé au G20 que presque aucun membre du G20 ne souhaite financer son extension. Et les différents mécanismes de garantie permettant de créer de l’effet de levier poseraient d’immenses problèmes de risque pour les garanties étatiques données par les pays (211 milliards pour l’Allemagne et 159 pour la France). Bref, rien n’est prévu pour régler la crise italienne.
La fausse solution fédéraliste
Bien sûr, les fédéralistes de tout poil sautent comme des cabris sur leur chaise en disant « intégration, intégration, intégration ». Mais outre le fait qu’ils semblent vouloir utiliser la crise pour faire passer leur agenda, cette intégration est bien plus une fin en soi qu’un moyen de résoudre la crise. Tout d’abord, il est totalement illusoire de croire que l’Allemagne acceptera les euro obligations ou même la création d’un budget fédéral européen. Berlin refuse de donner un euro de plus.
Or, les euro obligations proposées par l’institut Bruegel supposeraient que l’Allemagne fournisse une caution de 4 000 milliards d’euros et un budget fédéral européen imposerait un transfert de 4% du PIB Allemand tous les ans, la bagatelle de 100 milliards ! En outre, même un tel système ne fonctionnerait pas à moyen terme car la seule issue possible à long terme suppose de faire redémarrer les économies du Sud de l’Europe, ce qui suppose une dévaluation, y compris au sein de la zone euro.
En fait, les dirigeants européens continuent à proposer des plans profondément dysfonctionnels. La Grèce a failli tout faire exploser avec un référendum, ce qui montre bien que pas grand chose peut faire s’effondrer ce château de carte qu’est la monnaie unique européenne.