Israël, en difficultés budgétaires, fait pression sur les États-Unis pour conclure un accord qui prolonge l’aide militaire après 2017, date à laquelle les 3 milliards de dollars annuels que Washington verse actuellement à son allié du Moyen-Orient arrivent à expiration, ont indiqué des responsables vendredi.
Selon eux, un accord rapide sur les subventions américaines futures aiderait l’armée israélienne à établir un plan d’austérité de cinq ans qui satisferait le gouvernement conservateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
"C’est difficile d’établir un budget pour 2018 et 2019 sans savoir de quels fonds nous disposerons" a dit un responsable militaire israélien.
Le Secrétaire d’État à la Défense US Chuck Hagel ira en Israël la semaine prochaine et la question de l’aide future sera certainement soulevée par ses hôtes, selon un autre responsable qui n’a pas souhaité être identifié, ni par son nom ni par sa nationalité.
La précédente administration républicaine a signé un accord de 10 ans avec Israël en 2007, lui garantissant 30 milliards de dollars, dont l’essentiel va sur des produits militaires américains.
Le président US Barack Obama, démocrate, a croisé le fer avec Netanyahu sur le programme nucléaire d’Iran et l’établissement de la paix avec l’Autorité palestinienne. Mais le soutien à la sécurité d’Israël reste fort à Washington - même si des décideurs US veulent comprimer les dépenses sur une gamme de programmes militaires américains.
"Nos deux nations sont liées à jamais par notre histoire et nos valeurs communes, et chaque dollar américain dépensé pour la sécurité d’Israël est un investissement dans la protection des nombreux intérêts que partagent nos pays" a dit vendredi Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale des États-Unis, en conclusion de trois jours de consultations en Israël.
Le ministère de la Défense d’Israël et l’ambassade américaine en Israël ont refusé de commenter les négociations sur l’aide financière en cours.
Un responsable US au courant des négociations et qui a parlé sous couvert d’anonymat a déclaré qu’Israël veut une augmentation globale annuelle entre 3,2 et 3,5 milliards de dollars, alors que l’administration Obama a parlé de 2,8 milliards de dollars.
Les alliés se mettront certainement d’accord sur 3 milliards "ou à peu près", a prédit le fonctionnaire, ajoutant qu’Israël "veut que ce soit entériné le plus vite possible."
Le budget militaire d’Israël d’environ 14,5 milliards de dollars a été remis en cause par la demande du ministère des Finances de le réduire de 870 millions de dollars. En décembre dernier, le cabinet de Sécurité de Netanyahu a approuvé un coup de pouce de 930 millions de dollars pour le budget militaire, mais l’armée affirme qu’elle a besoin de davantage pour affronter la prolifération des menaces régionales.
"Nous ne pouvons pas combler ce fossé budgétaire" a dit mercredi le ministre de la Défense Moshe Yaalon aux députés israéliens. "Il a fallu donner un coup mortel à l’entraînement, à la capacité et à la forme physique."
Un officier supérieur militaire israélien a dit que l’obligation de se serrer la ceinture avait mis un frein au David’s Sling [la fronde de David, ndt], un intercepteur de missile développé conjointement avec l’américain Raytheon Oc, que la Pologne envisage d’acheter car elle accélère ses préparatifs de défense en réponse à l’impasse Ukraine-Russie.
Le David’s Sling pourrait être opérationnel en Israël cette année, a déclaré l’officier à des journalistes jeudi, mais seulement si davantage de fonds sont trouvés. "Quand vous n’avez pas d’argent, vous réduisez le développement et les essais de terrain" a-t-il dit.
En plus des subventions militaires annuelles, Washington a aidé séparément à financer le Iron Dome [Dôme de fer], un système israélien d’interception de missiles à courte portée ; Rice a porté à près de 900 millions de dollars le montant de l’aide des États-Unis pour le bouclier antimissiles Dôme d’Acier.