Six anciens ambassadeurs européens en Iran appellent à "cesser de diaboliser le nucléaire iranien" et à faire confiance aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans une tribune publiée vendredi dans une douzaine de journaux du monde entier.
Au moment où les grandes puissances ont exprimé jeudi leur inquiétude grandissante concernant les visées du programme nucléaire controversé de l’Iran lors d’une réunion de l’AIEA à Vienne, les six diplomates —Guillaume Metten (Belgique), François Nicoullaud (France), Roberto Toscano (Italie), Richard Dalton (Royaume-Uni), Steen Hohwü-Christensen (Suède) et Paul von Maltzahn (Allemagne)— affirment que "le long enlisement de ce dossier (leur) est inacceptable".
Jugeant que la position de l’Europe et des Etats-Unis sur le nucléaire iranien "est moins solide qu’il n’y paraît", les six affirment que "sur le fond, l’on sait déjà que toute solution se construira sur la qualité du dispositif d’inspection de l’AIEA".
"Et là, poursuivent-ils, ou nous avons confiance dans la capacité de l’AIEA à surveiller tous ses Etats membres, Iran compris. Ou nous ne lui faisons pas confiance, et l’on se demande pourquoi conserver une organisation efficace avec les seuls pays vertueux".
Car, interrogent-ils, "où est la menace ?" "Serait-ce l’enrichissement d’uranium dans les centrifugeuses iraniennes ?, s’interrogent-ils, pour reconnaître qu’il s’agit "certes d’une activité nucléaire sensible" dans une région elle-même "sensible", mais que "rien dans le traité de non-prolifération (TNP) n’interdit en son principe une telle activité".
"D’autres pays que l’Iran, signataires ou non du TNP, s’y adonnent sans être accusés de menacer la paix", observent-ils.
"L’AIEA n’a jamais relevé en Iran de détournement de matières nucléaires à des fins militaires."
La "menace contre la paix" serait-elle dans l’avancement d’un programme clandestin de construction d’une arme nucléaire ? "Depuis au moins trois ans, la communauté américaine du renseignement ne retient plus cette hypothèse", relèvent-ils.
"Avant d’accuser ce pays de bloquer la négociation, il est temps d’admettre que l’objectif "zéro centrifugeuse opérant en Iran" de façon définitive ou même temporaire, a tout d’une prétention irréaliste et a conduit à l’impasse actuelle", affirment les six ex-ambassadeurs en Iran.
"Les pays intéressés par l’Iran doivent certainement maintenir la pression sur les questions de droits politiques et de droits de l’homme mais aussi s’obliger à régler une question entêtante et urgente de prolifération" dans un but d’apaisement des tensions dans la région, conseillent-ils.