Il y a plusieurs espèces de mystères : la glace vanille enrobée de pralin qui renferme une meringue ; le Mystère 20, un avion d’affaires de chez Dassault ; le mystère Brigitte Macron, la femme sans enfance ; le mystère de la foi ; et enfin le coffret Mystère de Kontre Kulture.
On va surtout parler du dernier car le premier a disparu des tables, le deuxième a 60 ans d’exploitation, le troisième a été défloré par Xavier dans une longue série Faits & Documents, le quatrième est insondable. Et le dernier ne sera dévoilé qu’en fin d’article.
Les humains étant des bêtes curieuses – ce qui est une bonne chose pour la connaissance générale mais peut virer au délit MeToo quand par exemple on essaye de deviner les fesses et les seins de la collègue de bureau –, ils vont jeter un coup d’œil en bas et reviennent rassurés. On a tous fait ça : c’est pour calmer l’angoisse, car l’angoisse existentielle est la première des motivations à agir. On agit pour calmer l’angoisse. Donc le lecteur curieux va immanquablement aller regarder en bas et (se) spoiler le coffret.
Du coup on va en parler avant la fin, inutile de faire culpabiliser des lecteurs qui nous apportent tant, même s’ils sont un peu filous. Hommage à notre célèbre disparu : Stéphane, si tu nous écoutes, on pense toujours à toi, et à la franc-maçonnerie, que tu n’as pas emportée au Ciel. La voici donc sur le gril avec ses grades supérieurs, pas les sans-grade :
Mystère, pour la FM de Blet, c’est raccord. Stéphane, entre deux accords, parlait sans filtre ni prudence de ce qu’il trouvait injuste. Et malheureusement, dans la société française actuelle, il y a de quoi hurler : tout est injuste ou presque ! Le totalitarisme qui avance sous le masque de la démocratie, les valeurs diaboliques, la destruction systématique des âmes et de l’innocence, les opérations de terreur militaires, sanitaires ou policières, la justice inversée qui protège le fort et punit le faible, un peuple apeuré et surveillé, puni comme un enfant...
C’est bien simple, on se croirait dans Brazil de ce bon vieux Terry, sorti un an après 1984 !
1984, c’est aussi ce qui rapproche Orwell de Goldstein, ce mystérieux écrivain d’un mystérieux livre qui annonçait, dès 1944, avec une précision stupéfiante la dystopie actuelle. Si Goldstein est la version russe d’Orwell, on l’ignore, comme on ne sait pas qui fut vraiment Shakespeare. Onfray annonce même que le Christ n’a pas existé ! On lui accorde notre pardon, parce qu’il ne sait plus ce qu’il dit.
Encore 40 ans plus tôt – décidément, on est dans la machine à remonter le temps et les fondements de la politique –, nous voici en 1903, toujours en Russie, avec un étrange livre sorti de nulle part. Les agents du Système ont beau nous seriner qu’il a été écrit par des agents du Tsar, ce qui est possible, on reste fascinés par sa radioactivité.
C’est une sorte d’essai, et même si c’était un roman, comme Nous autres, ou 1984, quelle différence ? Ce qui compte, c’est le contenu. La polémique est peut-être activée par les bien-pensants pour détourner du sujet principal, les techniques de manipulation et de pouvoir d’une société secrète, ce que décrivait Stéphane.
Décidément, même quand on perce certains mystères, on en découvre toujours plus. Guyénot et son Kennedy vous le confirmera. Finalement, ils sont comme la connaissance, des filons fertiles pour comprendre le monde.
Sur ces mystères, curieusement, le temps ne joue pas : ils sont invariants. C’est ce qui fait leur force. Nous sommes bâtis sur des mystères.