Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi (photo ci-contre), qui avait démissionné en janvier, après l’occupation par les combattants houthistes de la plupart des bâtiments officiels de la capitale du pays, Sanaa, a annoncé revenir sur sa décision.
Assigné à résidence par le nouveau pouvoir, il a fui sa résidence et s’est rendu à Aden, dans le sud du pays, région dont il est originaire et où il a des soutiens, notamment parmi les partisans du mouvement pour l’indépendance du Sud (le Yémen du sud ou République démocratique populaire du Yémen, État marxiste, a existé entre 1967 et 1990).
Il a déclaré être victime d’un coup d’État et vouloir reprendre ses fonctions, qualifiant de « nulles et non avenues » toutes les décisions prises par le Comité révolutionnaire houthiste.
Il a également appelé le Parlement déchu et le gouvernement démissionnaire à « se rendre immédiatement à Aden pour se réunir » afin de « sauver ce qui peut encore être sauvé et normaliser la situation sécuritaire et économique dans toutes les provinces [du Yémen] ».
La milice houthiste a réagi via un communiqué :
« Le comité révolutionnaire suprême suit les initiatives suspectes de (...) Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui a perdu toute légitimité pour agir en tant que président de la République du Yémen et dont les actes irresponsables ont porté préjudice au peuple yéménite, à sa sécurité, sa stabilité, son économie et ses conditions de vie. »
La fuite du président déchu a été saluée par le Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït). Il est également soutenu par l’Occident et les Nations unies.
Des manifestations hostiles à la rébellion chiite se sont déroulées à Sanaa, bien qu’un accord ait été trouvé par différentes factions rivales yéménites, sous le patronage de l’ONU, afin de former un « conseil populaire transitoire » destiné à sortir le pays de la crise, une initiative remise en cause désormais par la volonté de M. Hadi de recouvrer ses fonctions.
Malgré leur prise de la capitale, les combattants houthistes, originaires d’une province pauvre du Nord, n’ont pas pu progresser vers le sud ou l’ouest, se heurtant à la résistance de groupes sunnites et de membres d’Al-Qaïda.
La déferlement houthiste sur une partie du pays a suscité l’ire de Washington : devant un groupe de parlementaires américains, le secrétaire d’État, John Kerry, a accusé l’Iran d’avoir fourni aux combats houthistes une aide « cruciale » afin d’obtenir la chute du gouvernement yéménite.
Enfin, bien que Paris ait appelé ses ressortissants à quitter le pays il y a deux semaines, une ressortissante française, employée de la Banque mondiale, a été kidnappée aujourd’hui à Sanaa par des inconnus.