Le projet "Le Coût de la Guerre" vise à évaluer le coût total des conflits engagés en Irak et en Afghanistan suite aux attentats du 11 septembre 2001. A ce jour,ces coûts sont estimés à plus de 300 000 morts et 4 000 milliards de dollars.
Ces estimations sont régulièrement mises à jour. Catherine Lutz co-dirige le Projet de recherche Eisenhower qui a produit le rapport sur "Le Coût de la Guerre". Les conclusions de ce rapport, élaboré à l’Institut Watson d’études internationales de l’université Brown (ndt : L’université Brown, située à Providence dans l’État de Rhode Island, fait partie de la Ivy League, un groupe d’universités privées américaines parmi les plus anciennes et les plus prestigieuses du pays) sont régulièrement utilisées par les journalistes qui écrivent sur l’impact des guerres engagées en Afghanistan et en Irak en réponse aux attentats du 11 septembre 2001.
Une équipe internationale d’économistes, de politologues, d’anthropologistes, de juristes et de représentants d’organismes humanitaires a été constituée pour évaluer le coût de la guerre en termes de pertes humaines et sur le plan économique dans ces deux pays ainsi qu’aux États Unis, au Pakistan et au Yémen. Ce projet a pour but de fournir une vision globale et compréhensible sur les coûts internes et internationaux liés à ces guerres ainsi que sur les conséquences de ces guerres. Cette étude est actualisée en permanence.
A ce jour, les conclusions suivantes ont été établies :
• Ces guerres sont directement responsables de la mort d’au moins 300 000 personnes dont plus de 180 000 civils.
• Les conflits armés au Pakistan et au Yemen ont fait plus de victimes que le conflit en Afghanistan.
• Le nombre de morts indirectes, notamment celles causées par la malnutrition, les infrastructures médicales endommagées et la dégradation de l’environnement, est beaucoup plus élevé que celui résultant directement des combats. Bien que ces morts soient difficiles à comptabiliser du fait de l’absence d’éléments statistiques sur la mortalité, on estime que dans les conflits contemporains, le ratio est d’environ 4 morts indirectes pour une mort directe, ce qui porterait le nombre de victimes total à plus d’un million.
• Des millions de personnes ont été déplacées et vivent dans des conditions extrêmement précaires. En mars 2012, le nombre de réfugiés de guerre et de personnes déplacées s’élevait à 7,4 millions, soit l’équivalent de la totalité des habitants du Connecticut et de l’Oregon.
• Ces guerres ont entraîné une érosion des libertés civiles en Amérique et de nombreuses violations des droits de l’homme à l’étranger.
• Certains coûts de guerre continueront d’augmenter jusqu’au milieu du siècle. Beaucoup de ces coûts, noyés dans des budgets multiples et variés, sont invisibles aux yeux des américains et n’ont donc pas été pris en compte ni évalués. Par exemple, alors que la plupart des gens pensent que les crédits de guerre du Pentagone sont équivalent au coût budgétaire des guerres, ils sont en fait deux fois supérieurs et la totalité des coûts économiques des guerres est encore plus élevée. Pour l’année fiscale 2012, le montant de la facture pour le gouvernement fédéral des États Unis s’élèvera à 3 700 milliards de dollars, en dollars constant. L’intérêt de la dette contractée pour financer la guerre est estimé, selon un scénario raisonnable, à 1 000 milliards de dollars d’ici 2020.
• Comme pour les précédentes guerres, le montant des soins médicaux pour les anciens combattants représentera une part importante du coût global de la guerre.
• Plus de 6 500 soldats américains sont morts dans ces guerres et le nombre de blessures et de maladies parmi ceux qui sont rentrés est alarmant avec 250 000 demandes de pension d’invalidité enregistrées par l’administration des anciens combattants. En outre, de nombreux morts et blessés parmi les entreprises travaillant pour le gouvernement n’ont pas été recensés.
• Les répercussions sur l’économie américaine ont également été significatives avec notamment des pertes d’emploi et une hausse des taux d’intérêt, mais elles ont été sous-estimées.
• Alors qu’on avait promis que l’invasion américaine apporterait la démocratie en Afghanistan et en Irak, ces deux pays se situent toujours à un niveau très bas en termes de libertés fondamentales. En Afghanistan, ce sont des seigneurs de guerre qui exercent le pouvoir avec le soutien des États Unis et en Irak, les différentes communautés ethniques sont encore plus divisées qu’avant la guerre.