Esprit de Proudhon, es-tu là ? Pour les ignorants, le Cercle Proudhon, selon les mots de Pierre de Brague himself, « c’est le rapprochement de 1911 à 1914 de militants de l’Action française et de militants du syndicalisme révolutionnaire ». Pour simplifier, aujourd’hui, ce serait le rapprochement droite-gauche de Marine et Mélenchon sur une base sociale et nationale.
Naturellement, le Système n’en veut pas, et pour cause : il fait dans l’antinational et l’antisocial ! Pour preuve, cette bande-annonce du Point, le canard que BHL griffe chaque semaine de son bloch-notes : un « scénario cauchemar » pour Nathalie Schuck !
Si la tentative du Cercle Prouhon n’a pas tenu dans le temps, un siècle plus tard, elle est reprise par Alain Soral qui édite Les Cahiers du Cercle Proudhon, ouvrage fortement préfacé par Pierre de Brague, qui incarne l’aile gauche révolutionnaire d’E&R.
Pierre n’est pas un gauchiste, mais un authentique militant de la gauche nationale et sociale, ce qui ne fait pas de lui un nazi, loin de là. Le proudhonisme propose l’expérience non marxiste d’un socialisme à la française.
« Une commune aversion pour la démocratie libérale et bourgeoise »
Mais notre camarade Pierre, c’est aussi la mémoire retrouvée de Georges Sorel, l’homme du syndicalisme révolutionnaire, Édouard Berth (disciple de Sorel) et Georges Valois (un maurassien ouvriériste, le fasciste français par excellence selon BHL, qui sera résistant en 1940 et qui mourra en camp de concentration), les penseurs de cette fameuse « union sacrée ».
Que ces auteurs et ces ouvrages soient devenus, un siècle plus tard, des outils de compréhension du présent et d’espoir pour l’avenir, démontre toute la qualité de cette pensée révolutionnaire.
Car il y a – il suffit de voir les antifas ou la gauche parlementariste actuelle – des pensées pseudo-révolutionnaires qui ne sont, ô surprise, jamais en frontal avec le pouvoir profond, qu’on appelait autrefois le Capital ou la Bourgeoisie. Les définitions ont changé, mais la structure du combat reste la même : classe contre classe, élite contre peuple.
Il y a un siècle, on aurait écrit peuple contre élite, mais aujourd’hui, c’est l’élite qui porte les coups les plus durs à son ennemi, on le voit avec la politique du 49-3, la stérilisation des Assemblées, la privatisation de l’exécutif, la mainmise sur les médias, la corruption endémique, la surpuissance de la Banque. Un siècle de combats et d’acquis sociaux sont anéantis en quelques années !
Macron a écrit Révolution, et il se pourrait qu’il en incarne le retour, tant la brutalité de sa politique fait du mal aux Français et à la France. À son corps défendant, il est en train de réveiller les bons vieux démons révolutionnaires et le sens du collectif.
« Pour sauver votre peau, vous allez être obligés de rejoindre la lutte collective »
C’est au moment où les classes populaires ont baissé les bras, frappées par une « crise » capitaliste dirigée contre elles et par une répression féroce, que les concepts des philosophes révolutionnaires redeviennent précieux.
Sans eux, les pauvres et les paupérisés de la classe moyenne (c’est à son tour de souffrir !) iront en désordre à la bataille, et au massacre finalement, comme les Gilets jaunes, à qui il a manqué cette charpente théorique.