j’avais lu il y a fort longtemps "judaisme et psychanalyse" de Sibony je crois ? Bref. Tout un chapitre est consacré au sacrifice d’Isaac par Abraham, mais raconté du point de vue d’Isaac. Isaac est terrifié de voir que son père lui-même s’apprête à le tuer ; et soudain le texte bascule, sans qu’il y ait aucune articulation logique ça devient "ce n’est pas ton père qui veut te tuer mais l’Autre" et tout le reste du chapitre est consacré à "comment autrui veut détruire les juifs". Il me semble que ça touche à une vérité profonde : le bébé de 8 jours a un besoin impératif de sécurité pour survivre, de faire confiance à son univers, en cas d’agression vitale par son entourage sa seule échappatoire est de penser "ce n’est pas eux mais le reste du monde qui veut me nuire", croyance qui sera renforcée par la doxa du groupe. On peut faire croire à un gamin musulman circoncis à 12 ans qu’il s’agit de l’accès à un stade supérieur - pas à un bébé de 8 jours.
Comme le dit ici un des commentateurs, ça peut avoir à voir avec la rivalité père-fils, mais bon, que le père (et le groupe) s’en prenne à un bébé de 8 jours....
Selon moi, cette affaire de circoncision précoce explique les difficultés d’insertion des juifs dans les sociétés qui les entourent, non pas qu’ils soient réellement persécutés, mais parce qu’ils ont besoin de croire que c’est Autrui qui les persécute plutôt que leur propre groupe.