Suite 2 :
7. Oui, le livre de Josué est très violent. Mais attention : ce livre n’est pas d’abord historique, il est d’abord une relecture théologique de la conquête de la terre promise. L’archéologie prouve que tout ne s’est pas passé comme décrit dans le livre (Jéricho était déjà en ruine à l’époque supposée de Josué, de même que d’autres sites) + si le livre proclame l’annihilation de tout étranger dans les frontières, on découvre que c’est loin d’être le cas (cf. les nombreux peuples autochtones dans le livre des Juges, David qui conquiert Jérusalem aux Jébusites 200 ans plus tard…). La violence du livre a un enjeu théologique et « esthétique » : faire faire l’expérience de l’absoluité de Dieu, de sa puissance, de la pureté qu’il demande… pour son culte. Car la dimension liturgique est très importante chez Josué : Jéricho est prise par une procession liturgique, il y a un grand enjeu avec l’arche d’alliance, etc. Bref, ce texte n’est sans doute pas à lire unilatéralement.
8. Il est vrai que la lecture de Netanyahou et de la droite Israélienne est très certainement belliciste et tendancieuse. Mais ce n’est qu’une lecture parmi d’autres ; même parmi les Juifs, en particulier les Juifs israéliens, on ne peut pas dire que sa lecture soit suivie par tous. A fortiori, on ne peut pas dire que Nétanyahou interprète la Bible comme l’ont fait unanimement tous les Juifs à travers tous les siècles depuis Moïse. Ce n’est pas honnête intellectuellement parlant et très très très aisément réfutable.
Bref, pour contredire cet article il suffit de :
Dissocier l’interprétation de Nétanyahou du Judaïsme pris en son ensemble
Rappeler les passages où YHWH montre de sa miséricorde également envers les autres peuples
Rappeler que l’AT se lit dans son contexte historique, dans lequel nos catégories modernes post-chrétiennes ne s’appliquent pas (Bakounine)
Que des citations bibliques se lisent toujours dans leur contexte immédiat, sinon on leur fait dire ce qu’on veut.
Rappeler que la lecture chrétienne de l’AT= relire tout ce qui est dit à la lumière du Christ et du mystère pascal. L’AT n’est pas à prendre unilatéralement, mais s’interprète à la lumière du NT. Il faut lire le NT à la lumière de l’AT et inversement : la parole de Dieu s’offre à nous comme un tout. On ne peut isoler l’AT : ni pour le rejeter ni pour l’adopter unilatéralement comme règle de conduite.