Entretien avec Camille Mordelynch : “Philosopher, c’est désobéir”
31 octobre 2023 14:49, par MivilleIl n’y a pas de pensée libre : toute pensée est une vague à la surface de l’esprit et toute vague de l’esprit est par définition asservie à la source vibratoire qui l’agite. La libération en cette affaire consiste à se diriger de toutes ses forces en direction non pas d’une pensée prétendument indépendante ou désobéissante (il n’y a jamais rien de plus semblable à un uniforme militaire que la militance d’un mouvement de libération) mais d’un esprit libre de toute pensée, réduit comme son nom l’indique à une respiration, non plus à une idéation.
Historiquement parlant la philosophie grecque qu’on dit qui naquit à Athènes mais prit de l’ampleur surtout à Alexandrie n’a pas été un mouvement d’émancipation mais bien au contraire d’endoctrinement à l’envi à toute sorte de sectes plus totalitaires les unes que les autres, et qui avaient toutes en commun cependant de renoncer préalablement à toute libération des travailleurs ordinaires dont la seule fonction était d’assurer la subsistance et le confort des penseurs professionnels : Alexandrie fut à cet effet le point de jonction historique entre un certain judaïsme considérant le non-juif comme une créature créée exclusivement pour servir le juif et la mentalité philosophique grecque considérant le travailleur et le producteur (même de vers) comme créés pour servir le philosophe. Toutes étaient autant de facettes d’un seul et même gnosticisme universaliste et ultra-élitiste.
Tous les courants de pensée philosophique, nés contestataires comme autant de ruisseaux issus du flancs des rochers montagneux qu’ils érodent et fendent, finissent par se regrouper en rivières et en fleuves destinés à se jeter dans un seul et même océan, celui du mondialisme thalassocratique.
En fait l’ambition première d’Athènes fut d’être à la tête d’un empire thalasscratique aussi universel que possible même si cette cité n’en dirigea jamais qu’un modèle réduit s’étendant surtout sur les pourtours de la mer Égée et les côtes de l’Italie du Sud, et qui n’engloba la Méditerranée et les Golfes de l’océan Indien que sous des pouvoirs autres que le sien (Macédonien, puis Romain surtout) pour lesquels elle ambitionna de jouer le rôle beaucoup moins responsabilisant et plus confortable d’éducatrice officielle universelle payé par l’empire auquel elle se loua. Autrement dit, un rôle de prostituée intellectuelle suprême.