Xavier Moreau – Le congrès constitutif du Mouvement international russophile
21 mars 2023 16:49, par nicolasjaissonLe Russe, c’est quoi au juste ? Parce que si la Russie prétend être la dernière réserve à hommes blancs vivant des valeurs chrétiennes, je crois que la station radio a un problème de transmission. On parle du Russe en général, comme on parlait du Français en général au XVIIIe siècle. Les Lumières avaient la mauvaise habitude de théoriser le monde de demain, à partir d’une vision théorique du Français, qui devient une entité juridique standard reconfigurable à volonté. Le Français des salons philosophiques a pris le nom de "citoyen", c’est-à-dire un individu obéissant à la loi, qui est l’expression de la volonté générale, à défaut d’être la volonté d’un homme en particulier, qui est appelé à se fondre dans la masse. Cette masse constitue les Français, ou le peuple français. A cet adjectif, vous pouvez substituer n’importe quelle nationalité, dans la mesure où les droits de l’homme sont de portée universelle et donc applicable à n’importe quel peuple. Les Russes naturellement ne font pas exception à ce principe général, qui remplace l’homme chrétien soumis à la volonté de Dieu et de ses mandataires au citoyen soumis aux lois définis par l’Etat qui représente le peuple souverain. Ainsi le terme "Russe" devient aussi équivoque que le terme "Français", car les deux se réfèrent aux mêmes principes d’existence, même si la révolution a plutôt reculé en Russie, alors qu’elle est en avance en France. Ceci dit, mises à part les question de sexualité avant-gardiste, pour le reste, ce sont plutôt les Russes qui profitent de la guerre pour faire avancer à marche forcée l’IA, la transformation numérique et les paiements digitaux entièrement contrôlés par la banque centrale et l’Etat, qui ajoute ses conditions à l’activation des jetons numériques. La Russie est le premier pays développé à passer à la phase active de test de la monnaie numérique dans des conditions d’utilisation réelle. Tous les rapports avec l’administration sont numérisés, donc plus moyen d’échapper à leur vigilance. L’université et les écoles passent aussi à l’IA, qui remplace les profs et aussi gère l’analyse comportementale des élèves. Donc le "Russe", c’est déjà le citoyen numérisé doublé par son jumeau numérique qui sert d’interface avec les administrations. Le rapport de la "nouvelle Russie" avec les traditions ancestrales russes devient très flou, tellement évanescent qu’il faut des représentations théâtrales pour rappeler aux citoyens russes, ce qu’était un vrai Russe, pas un avatar juridique.