Au dîner du CRIF, Élisabeth Borne évoque la déportation de son père à Auschwitz
15 février 2023 07:52, par MartialDans ma famille, il y a avait trois personnes internées dans des camps de concentration pendant la guerre, toutes chrétiennes.
L’une, très jeune, pour avoir donné du pain à des prisonniers, une autre, très jeune, à cause de la désertion de son frère (abattu après l’Armistice, sur le chemin du retour, tout près de son domicile) et le 3ème parce qu’il était originaire d’un pays non européen. Le 3ème a été énormément maltraité et en a gardé des séquelles, pulmonaires (cures chaque année jusqu’à la fin de sa vie). La première est la seule de son groupe de prisonniers à avoir survécu, la 2ème a survécu et est retournée chaque année, presque jusqu’à sa mort (à plus de 90 ans), en Tchécoslovaquie pour rencontrer ses anciennes amies d’infortune, toutes classes sociales confondues.
Ma grand-mère a ramené au directeur résistant du plus grand magasin de notre ville un paquet de lettres que les prisonniers d’un train arrêté en gare lui avaient confié.
Personne ne parle plus de la guerre depuis des décennies.
Pourquoi remuer ainsi le passé ?
Les Allemands avaient honte d’être allemands après la dernière guerre.
Certains Länder sont encore complètement désertés par les touristes.
J’ai passé deux jours en Allemagne il y a dix ans et étais invité à une commémoration culturelle suivie d’un concert, piano et chant). Nous avons été applaudis en tant que français et dans la rue et le parking souterrain, les gens se précipitaient à notre rencontre et nous proposaient leur aide.
Maintenant il faut passer à autre chose.
Durant la 1ere Guerre, nous avons aussi perdu des hommes dans la famille.
D’autres sont revenus assez amochés (doigt raide et un autre, ex-gazé, mort quelques années plus tard d’une tumeur au cerveau).
Je vais aller pleurer où ?