Ne soyons pas gauchement angéliques, "l’attrait pour le Maroc" est probablement, au moins en partie, le même que celui qui y "kwassa-kwassa" les Gide et les Thénardier éphèbophiles de la Haute Couture de la Jaquette excités par le dénivelé économique qui donne à la jeunesse miséreuse cet élan qui la fait tomber, désarmée et belle d’abandon, dans l’accoutumance de la vénalité de sidération...
Ceci étant dit, les pays du Maghreb, à l’abri derrière les remparts qu’on été l’Islam Malékite et l’oralité culturelle, ont résisté aux assaut de la modernité jusque dans les années 90.
L’Islam Malékite impose une pensée communeuse où l’individu n’a pas sa place en tant qu’objet support d’individualisme, mais il justifie sa place et son individuation par sa participation au fonctionnement du groupe familial, social. "Tu es ce que tu partages" disait ma grand mère.
Le partage dont il est question ici n’est pas ce besoin de reconnaissance qui pousse les zombies modernes à pousser des étrons numériques vers un troupeau de zombies pour justifier une existence chimérique en mendiant des "like" à d’autres mendiants qui s’ignorent. C’est le partage naturel, le don normal, qui n’appauvrit pas celui qui donne et qui n’endette pas celui qui reçoit, ce sont des interactions appuyées où il n’y a pas d’usure.
L’oralité culturelle permet de prendre conscience de l’importance vitale de la transmission intergénérationnelle, en ce qu’elle fait gagner un temps précieux par le partage d’expérience. Ma mère connait des centaines de dictons, qu’elle a reçu, et qui permettent de répondre en deux phrases à toutes les questions que la vie oppose à la jeunesse. La chose la plus précieuse dans la vie, c’est le temps et faire gagner des années d’expérience en deux phrases c’est un héritage précieux.
Les années 90 ont marqué le grand remplacement de l’Islam Malékite par le Wahhabisme humainement et socialement aride, et philosophiquement suprémaciste et méprisant. C’est la raison pour laquelle, pour simuler la vie, il doit être irrigué par un matérialisme insatiable.
Il y a l’Islam des pays où pousse l’olivier, et l’Islam des pays où poussent les cactus.
Les pays du Maghreb sont désormais hantés par des zombies possédés par leur judas de téléphone, ce mauvais œil qui n’a rien apporté de bon aux pays occidentaux.
Ce qui a fait le charme de ces pays a disparu, mais les sous-Gide et les sous-Pasolini y vont toujours pour se racheter une jeunesse déshéritée par une modernité chimérique...