l’histoire qui prend fin en 1789-1806-1945 n’est pas vraiment mondiale, et qu’elle ne remonte pas non plus aux présocratiques ; que, bien au contraire, son début bien plus tardif (le début de l’Occident) n’ayant pas été absolu, sa fin ne le sera pas davantage. Ou, pour finir de simplifier l’équation : que la « fin de l’Histoire » de Hegel/Kojève n’est que la fin de la Culture occidentale.
Elle est mondiale et elle remonte au néolithique ; son commencement a été absolu et sa fin l’est aussi. Mais il y a un péché de la philosophie contemporaine qui est d’ignorer l’anthropologie. On continue de philosopher comme si l’anthropologie n’était pas apparue.
Et si « la vie des sino-soviéto-américains des années 1950 ressemble tout de même plus à celle de leurs parents qu’à je-ne-sais-quelle néo-animalité », si la ressemblance l’emporte encore sur la différence, c’est que l’instrument de mesure n’est pas assez fin. Encore un péché de la philosophie - son mépris pour les artistes européens qui, eux, pourtant, avaient parfaitement perçu le basculement de la population dans l’animalité, qui l’ont d’abord identifié dès les années 1850, puis analysé de plus en plus finement et profondément jusque vers 1930...
Les philosophes ne prennent au sérieux ni l’anthropologie, ni la littérature, qui mettent les mains dans la fange humaine et en hument les odeurs corporelles... le résultat, c’est que la philosophie a un bon siècle de retard. « Ils ressemblent plus à leur parents », mais leurs parents avaient déjà été diagnostiqués comme animalisés... ils sentaient déjà la ménagerie, le chimpanzé et le chien mouillé.
La bourgeoisie méprise les philosophes, et les philosophes se vengent en méprisant les anthropologues et les artistes. C’est ainsi...